PARIS
Énarque, Delphine Levy a été directrice adjointe du cabinet de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, en charge de la culture jusqu’en 2010. Chargée de la préfiguration de l’établissement public Paris Musées, elle en assure la direction.
Avez-vous été surprise par les éléments du rapport de la chambre régionale des comptes sur les musées de la Ville de Paris récemment dévoilés dans la presse ?
DELPHINE LEVY : Non, c’est le titre du Monde [« Les musées de Paris épinglés par la chambre régionale des comptes », ndlr] qui nous a surpris, car à partir de constats partiels un lien artificiel est établi entre la gestion des musées et les prochaines élections municipales. En réalité, ce rapport, qui est rendu public courant octobre comme la réponse de la Ville à celui-ci, n’est pas négatif, puisqu’il porte sur une période antérieure (2007-2011) à la création de l’établissement public Paris Musées (2013) et dresse des constats similaires à ceux qui ont incité la mairie à revoir la gestion des musées, au sein de cette nouvelle structure. Il constate que la gratuité des musées n’est pas suffisante pour démocratiser leur fréquentation, nous en avons parfaitement conscience puisqu’il s’agit d’un de nos axes de développement majeurs, au titre de notre contrat de performance. La gratuité a cependant permis d’accroître largement la fréquentation, de 400 000 à 1,4 million de visiteurs pour les collections. Mais pour que notre public soit plus diversifié, il faut faire évoluer les mentalités et les habitudes, et cela est difficile ; nous nous y employons, notamment auprès des scolaires à travers des partenariats de longue durée qui touchent déjà un millier d’élèves dans les écoles et autant dans les centres de loisirs. Parallèlement, nous développons actuellement des visites virtuelles qui seront mises en œuvre dans le cadre de l’aménagement des rythmes scolaires, afin de toucher un plus grand nombre d’enfants. En outre, nous travaillons en direction des publics empêchés grâce à des partenariats ciblés qui concernent actuellement 7 000 personnes en difficulté.
Le rapport pointe aussi le manque de visibilité des musées, comment comptez-vous y remédier ?
Jusqu’à présent, notre communication n’était pas suffisante ; nous sommes en train de la renforcer, notamment sur Internet ; nous avons ainsi lancé le site de Paris Musées et chaque établissement est en train de se doter d’un site, comme Galliera et Victor Hugo ces jours-ci. Mais une meilleure visibilité passe par une vision globale : il faut des musées plus accueillants et accessibles, plus modernes dans leur médiation, un meilleur accompagnement des publics, ainsi que davantage de mouvement des collections. Nous avons récemment inauguré le nouveau parcours du Musée d’art moderne, un réaccrochage complet qui expose 60 % d’œuvres qui n’étaient pas présentées auparavant. Nous avons la volonté de faire évoluer la muséographie de tous les sites, en accord avec leurs directeurs. L’arrivée de la nouvelle directrice du Musée Cognacq-Jay, Rose-Marie Mousseaux, est ainsi marquée par plusieurs projets, dont une carte blanche à Christian Lacroix en 2014. Pour fidéliser notre public, nous venons également de lancer une carte d’abonnement qui incite à fréquenter durablement un musée, mais aussi à découvrir l’ensemble du réseau. Pour l’heure, les chiffres du premier bilan de l’établissement public sont encourageants : nous affichons une hausse de 25 % de fréquentation sur le premier semestre 2013.
Prévoyez-vous de fédérer les musées au sein de projets communs ?
Oui, par exemple en 2014 plusieurs musées du réseau vont participer à « Paris 1900 » au Petit Palais. Nous ne souhaitons pas rendre systématiques ces partenariats. Nous voulons aussi nourrir des partenariats internationaux, notamment en développant une politique d’itinérance de nos expositions. Le récent succès de la présentation de « L’art en guerre », conçu par le Musée d’art moderne, au Guggenheim de Bilbao nous y encourage fortement.
Créé le 1er janvier 2013, Paris Musées est un établissement public administratif réunissant les 14 musées municipaux de la Ville de Paris.
C’est le nombre de personnes qui ont visité les collections permanentes et les expositions des musées de la Ville de Paris en 2012.
« Aucun des musées de la Ville ne figure dans le palmarès des sites culturels les plus fréquentés, loin s’en faut, de Paris. »
Rapport de la chambre régionale des comptes, octobre 2013.
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Delphine Levy : Quelle vision pour les musées de Paris ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°662 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Delphine Lévy : Quelle vision pour les musées de Paris ?