PARIS
La RMN-GP a mis les bouchées doubles pour pouvoir livrer la nef – et seulement la nef – au Comité d’organisation des JO en avril 2024.
Paris. Pour un non-professionnel, la visite d’un chantier n’est jamais rassurante sur la date de fin des travaux. En ce mardi 5 décembre, on peine à croire que le bâtiment pourra être remis au Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) le 19 avril comme cela est convenu ; initialement, les lieux devaient être disponibles en février. Le Grand Palais doit en effet accueillir les épreuves d’escrime et de taekwondo ainsi que des services de sécurité du Cojop.
Didier Fusillier, qui a pris ses fonctions à la tête de Réunion des musées-Galeries nationales du Grand Palais (RMN-GP) il y a seulement quelques semaines, se veut confiant. Sous la conduite de l’architecte François Chatillon, les équipes ont été doublées, passant de 400 à 800 ouvriers, des effectifs qui doivent encore augmenter dans les prochains jours. Compte tenu du retard, il a été décidé de faire travailler toutes les entreprises ensemble, parfois dans un curieux ordonnancement : ainsi des ouvriers s’activent encore sur le gros œuvre dans la nef alors que les piliers et murs ont déjà été repeints.
Mais le plus déterminant est ce qui suit. Seule la nef doit être mise à disposition des JO. Les Galeries nationales du Grand Palais (renommées « Galeries Champs-Élysées ») et leur pendant au sud, ainsi que le bâtiment qui assure la liaison entre les deux palais, ne seront ouverts qu’en juin 2025 tandis que le Palais de la découverte ne rouvrira qu’en 2026. Ce n’est donc pas tout le Grand Palais qui doit être ouvert pour les JO mais « seulement » la nef, ce qui change l’équation.
Et au jour du 5 décembre, pour autant que l’on puisse en juger, les travaux dans la nef sont plus proches de la fin que du début. La nouvelle dalle « active, chauffante-rafraîchissante » est terminée ; elle renferme des kilomètres de tubes caloporteurs dans lesquels pourra circuler de l’eau soit chaude, soit froide, diffusant ainsi un air chaud ou froid jusqu’à hauteur d’humain. Froid jusqu’à quel point ? on ne sait pas, mais, officiellement, en hiver la température pourra monter au maximum jusqu’à 15 °C pour une température extérieure de 5 °C. Il faudra donc garder son manteau.
La logistique, qui était l’un des points faibles du site, sera en revanche considérablement améliorée avec l’installation de 8 monte-charge et 11 plateformes élévatrices (plus 29 ascenseurs répartis dans tout le site), permettant des installations et désinstallations d’équipements dans la nef beaucoup plus rapides. Et, grâce à l’ouverture de nouvelles sorties de secours, la jauge d’accueil du public va augmenter de 60 %.
Il faudra donc attendre 2025 et plus sûrement 2026 pour pleinement apprécier les changements apportés au site. Le plus spectaculaire est la création d’une « promenade » au niveau du bâtiment intermédiaire. Le public pourra pénétrer librement par l’actuelle entrée dans le square Jean-Perrin et traverser le bâtiment du nord au sud. Cette entrée principale desservira les galeries entourant la nef, les nouveaux services du bâtiment intermédiaire, le Palais de la découverte et la nef (qui conserve cependant son entrée majestueuse sur l’avenue Winston-Churchill en face du Petit Palais). Les jardins jouxtant le bâtiment seront réaménagés afin d’inciter le public à y venir, ce qui n’est pas du luxe, le site du Grand Palais étant loin d’être le lieu le plus convivial de Paris. La mutualisation des entrées est le signe le plus visible de la volonté de décloisonner les différentes activités du site, de sorte que le visiteur se trouve sollicité par un large choix d’activités.
La partie la plus ingrate des travaux, mais aussi la plus problématique, est la remise à niveau des câbles électriques et des canalisations. Cela suppose de percer des centaines de murs et de planchers faits de matériaux divers. Le paradoxe est que le Grand Palais a été construit en à peine trois ans, mais qu’il en aura fallu cinq (plus les diverses campagnes de travaux des années 2001 à 2008) pour le restaurer.
Un lieu populaire
Projet culturel. « Le président Macron tient absolument à ce que le Grand Palais redevienne un lieu populaire », explique Didier Fusillier. Cela tombe bien, du « populaire », l’inventeur des Micro-Folies en fait depuis des années pour la manifestation Lille 3 000 puis à la Grande Halle de la Villette, et il fourmille d’idées pour le Grand Palais. Ainsi, l’avenue qui sépare le Grand du Petit Palais lui évoque le Sambadrome de Rio de Janeiro (Brésil). « Nous allons y organiser de chouettes défilés ! », s’enthousiasme-t-il. Il veut aussi multiplier les manifestations (concerts, expositions, spectacles, performances…) sous la nef, notamment l’été quand les salons ne se pressent pas pour louer les lieux. Un lieu populaire… mais aussi rentable, ce que n’est pas la RMN-GP qui doit absolument dégager un bénéfice de 10 millions d’euros au moins pendant vingt-huit ans pour rembourser l’emprunt pour les travaux. La redevance que le Centre Pompidou va lui verser en contrepartie de l’occupation pendant cinq ans des (ex)-Galeries nationales ne suffira pas. Son atout ? les milliers de mètres carrés supplémentaires que les travaux actuels vont permettre d’ouvrir au public : les balcons, les galeries sud-est, nord-est et sud (galerie courbe), le salon Alexandre-III, sans compter les trois auditoriums, les deux restaurants et bien sûr l’espace sous la nef qu’il sera possible de cloisonner.
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Le Grand Palais sera-t-il prêt pour les JO ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°623 du 15 décembre 2023, avec le titre suivant : Le Grand Palais sera-t-il prêt pour les JO ?