PARIS
La Cour des comptes a lancé début septembre un cri d’alarme sur la situation du bâti au Palais de la porte Dorée. Sa directrice tempère tout en prêchant pour une rénovation globale de l’édifice.
Paris.« Chutes de morceaux de béton », « blanchiment des coraux », « troubles du comportement des poissons », « risque de mettre en péril la sécurité des agents, des visiteurs et des collections vivantes » : le vocabulaire employé par la Cour des comptes pour brosser la situation au Palais de la porte Dorée est sans doute trop alarmiste. « Les poissons vont très bien et le public est reçu en toute sécurité », assure la directrice générale, Hélène Orain. Rendu public le 3 septembre, le référé adressé fin mai au ministre de la Culture, Franck Riester, pointe surtout une incurie historique de l’État sur son patrimoine immobilier.
Depuis son inauguration en 1931 pour l’Exposition coloniale, le Palais accueille à la fois un aquarium tropical et une institution muséale qui fluctue au fil des décennies. Tour à tour « Musée des colonies et de la France extérieure » en 1932 puis « Musée de la France d’outre-mer » en 1935, « Musée des arts africains et océaniens » en 1960, « Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie » (MNAAO) en 1990, « Cité nationale de l’histoire de l’immigration » en 2007 et enfin « Musée de l’histoire de l’immigration » en 2012. Durant cette période, les deux entités dialoguent peu, n’ayant ni direction commune, ni vision partagée du bâti et de ses enjeux. Les ruptures de gouvernance du côté « musée » n’arrangent pas le suivi et la traçabilité des interventions techniques sur le bâtiment. En 2003, lorsque le MNAAO ferme pour enrichir les collections du Quai Branly, les équipes partent ainsi avec toute la documentation technique. Enfin, des travaux menés à l’ouverture de la Cité de l’immigration en 2007 ont causé des désordres qui accélèrent la dégradation du bâtiment : le renouvellement de l’air est devenu insuffisant dans certaines parties du Palais, y compris du côté de l’Aquarium.
Depuis 2015 et son arrivée à la direction générale du Palais de la porte Dorée (EPPD), Hélène Orain a pris la mesure de la complexité historique, architecturale et administrative du Palais. L’établissement public du EPPD, créé pour diriger enfin musée et aquarium en 2012, est placé sous la quadruple tutelle des ministères de la Culture, de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ainsi que de l’Intérieur. « On a pris les choses en main », explique la directrice, listant les interventions déjà effectuées, les diagnostics et chiffrages reçus, les investissements consentis dans le cadre de l’enveloppe budgétaire annuelle. Depuis 2016 et la création d’une direction du bâtiment, les problèmes ont été identifiés et l’organisation remise à plat pour maintenir le bâtiment en bon état. Mais « chaque installation a une date d’obsolescence programmée, et l’aquarium est clairement en obsolescence », prévient Christine Piquéras, directrice du bâtiment. Au Palais, les interventions humaines pallient la déficience des installations.
Le projet de rénovation du Palais, évalué à 30 millions d’euros sur une période de dix ans, comprend la réfection du clos et du couvert, le changement de toutes les centrales de traitement de l’air, la rénovation technique de l’aquarium, dont la scénographie a été revue en 2018. Le Palais a d’ores et déjà provisionné 5 millions d’euros. « Cela fait donc 2,5 millions d’euros par an à se partager entre les tutelles », plaide Hélène Orain, qui peut se prévaloir d’une forte dynamique de la fréquentation avec près de 460 000 visiteurs en 2018, un chiffre en hausse constante depuis 2014.
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La Porte-Dorée, état des lieux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°529 du 20 septembre 2019, avec le titre suivant : La Porte-Dorée, état des lieux