Musée - Restauration

Dernière chance pour contempler les deux Rembrandt du Louvre restaurés

Par Elise Kerner-Michaud · lejournaldesarts.fr

Le 21 septembre 2018 - 438 mots

PARIS

Les deux portraits acquis par le Louvre et le Rijksmuseum seront visibles à Paris jusqu’en janvier 2019 avant de repartir aux Pays-Bas.

Rembrandt, <em>Portrait de Oopjen Coppit</em>, et le <em>Portrait de Marten Soolmans</em>, 1634
Rembrandt, Portrait de Oopjen Coppit, et le Portrait de Marten Soolmans, 1634.

Les deux tableaux de Rembrandt, dont la restauration a nécessité un an et demi de travail, seront accessibles au public du Musée de Louvre à partir du vendredi 21 septembre pour seulement trois mois. Selon l’accord conclu au moment de leur achat par la France et les Pays-Bas, les œuvres seront ensuite alternativement exposées par période de 5 puis de 8 ans dans chaque musée, à commencer par le Rijksmuseum. Cette présentation parisienne permet au public de redécouvrir ces inhabituels très grands formats du maître hollandais, dans un éclat retrouvé.  

La restauration a été réalisée dans l’atelier du Rijksmuseum sous le contrôle d’un comité consultatif franco-néerlandais qui a conduit les opérations étape par étape : un premier temps consacré au travail d’archives suivi des analyses scientifiques nécessaires avant de s’attaquer aux couches successives de vernis, aux repeints mais aussi à la crasse accumulée par un environnement parfois inadapté à la conservation. Sébastien Allard, directeur du département des peintures, indique que les tableaux, alors propriété des Rothschild, ont longtemps été accrochés dans un salon à côté d’une cheminée. Il précise qu’il s’agissait néanmoins de « tableaux en bon état pour lesquels les interventions avaient pour objectif de rendre les effets, notamment des noirs ». On distingue de nouveau les arrière-plans et surtout la richesse des tissus complexes et sophistiqués.

Anne Lepage, restauratrice commissionnée par le Musée du Louvre, rappelle par ailleurs que les concertations entre les équipes françaises et néerlandaises étaient d’autant plus nécessaires que « les pratiques de restauration ne sont pas toujours identiques entre les pays ». Les principes fondamentaux, notamment de réversibilité, sont néanmoins les mêmes et elle précise que « toute intervention se fait après dépôt d’une couche de protection ». Des précautions indispensables d’un point de vue déontologique pour la dernière étape de pigmentation, et qui n’enlèvent rien au résultat. 

Cette présentation de quelques mois au Musée du Louvre ponctue un parcours hors du commun pour ces chefs-d’œuvre de jeunesse, peints par l’artiste à l’âge de 28 ans et représentant un couple de jeunes mariés attendant leur premier enfant. D’une valeur totale de 160 millions d’euros, les tableaux n’avaient pu être acquis qu’après classement comme « œuvre d’intérêt majeur » permettant de lancer un appel à mécénat exceptionnel, ouvert exclusivement aux organismes imposables à hauteur d’au moins deux fois la somme engagée et qui bénéficient ensuite d’une déduction de 90 % du montant donné. L’acquisition n’avait par ailleurs pu être réalisée que grâce à des accords inédits entre musées et gouvernements.  

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