AMSTERDAM / PAYS-BAS
Des restaurateurs d'art français et néerlandais ont dévoilé lundi à Amsterdam le résultat de 18 mois de rénovation sur un double portrait peint par le maître néerlandais Rembrandt
Datés de 1634, ces deux tableaux d'un couple de notables néerlandais richement vêtus de noir et de dentelle avaient été acquis en commun en 2015 par la France et les Pays-Bas pour 160 millions d'euros, une première en Europe.
Pendant un an et demi, les équipes du Louvre parisien et du Rijksmuseum amstellodamois ont mené des recherches sur les peintures avant de soigneusement retirer au moins six couches de vieux vernis. Grâce à des techniques très sophistiquées, comme le scanner à ultra-violet et les rayons X, les restaurateurs ont découvert que les deux amoureux partageaient autrefois la même toile. Ils pensent que la toile a été divisée en deux avant d'être peinte.
Marten Soolmans, 20 ans, et Oopjen Coppit, 22 ans, ont été représentés sur une double toile de plus de deux mètres de haut, privilège habituellement réservé à la noblesse. Marié depuis un an, ce fils d'un marchand anversois tient à la main gauche un gant en cuir. Le ventre rond car enceinte de leur premier enfant, la "Mona Lisa des Pays-Bas", comme l'avait surnommée l'éminent critique français Théophile Thoré, arbore un éventail de plumes noires et quatre rangées de perles. Les tableaux "ont sans aucun doute été complètement peints par Rembrandt jusqu'au moindre petit détail", a souligné le directeur général du Rijksmuseum Taco Dibbits au cours d'une conférence de presse.
Entre les mains de collectionneurs privés pendant près de quatre siècles, ces représentations sont les seuls et uniques portraits de plain-pied d'un couple marié jamais réalisés par Rembrandt, d'après M. Dibbits. Les restaurateurs ont également découvert des détails cachés, comme une embrasure de porte brossée derrière chacun des personnages que l'artiste a ensuite recouverte en peignant un simple rideau noir en guise de décor.
Protéger le patrimoine culturel
Le responsable du département des peintures du Louvre, Sébastien Allard, a salué ce projet "novateur", qui, au terme de négociations compliquées, "a finalement abouti à une solution européenne pour protéger le patrimoine culturel". C'était une première pour les restaurateurs qui devaient s'accorder sur le moindre détail de la rénovation, a glissé M. Dibbits. Des discussions sont d'ailleurs toujours en cours à propos du cadre des tableaux, le Louvre préférant le doré, le Rijksmuseum du bois foncé.
Impressionnées par le poids de l'histoire et du patrimoine de ces oeuvres, les équipes les ont abordées "avec un (grand) respect", a raconté Anne Lepage, restauratrice auprès du musée parisien. "Jamais, on ne touche (une peinture) sans avoir fait des recherches, analysé, travaillé sur les archives, fait un dossier comme pour un malade... avant même d'intervenir", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Autrefois accrochés dans une chambre, ces tableaux, anciennes propriétés de la branche française de la famille Rothschild depuis 1877, n'avaient été montrés qu'une seule fois au public, en 1956, avant leur exposition au Louvre en mars 2016. Le résultat de cette rénovation sera accessible au Rijksmuseum à partir du 6 mars dans une exposition intitulée "Haute société" avant d'être à nouveau présenté au Louvre. Ces oeuvres seront ensuite exposées tour à tour au Rijksmuseum et au Louvre, par périodes de cinq ans d'abord et de huit ans ensuite. Cette alternance est assortie d'une interdiction de prêt en dehors des deux établissements.
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Un double portrait de Rembrandt rénové par une équipe franco-néerlandaise
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Cet article a été publié par l'AFP le 19 février 2018.