Le musée ne s’implantera finalement pas dans la bibliothèque universitaire d’ici à 2027.
Angers (Maine-et-Loire). Le projet est attendu, ambitieux. Créer un musée qui retrace l’histoire de l’émancipation féminine, le premier en France alors que bien d’autres pays en sont déjà dotés. Lorsqu’il a été annoncé en 2023 par son initiatrice, l’historienne de l’art Christine Bard, le plan était alors bien défini : le musée devait voir le jour à l’automne 2027 dans la bibliothèque universitaire Belle-Beille d’Angers remise à neuf, cette dernière ayant décroché une enveloppe de 10 millions d’euros pour sa rénovation dans le cadre du contrat de plan État-Région. Un choix d’emplacement tout tracé, puisque la bibliothèque abrite depuis plus de vingt ans le Centre des archives du féminisme (CAF) qui constitue le cœur des collections du futur musée.
Aujourd’hui, le projet doit pourtant être remanié, faute de ressources suffisantes. En difficulté financière, l’Université d’Angers lancera comme prévu les travaux de rénovation de sa bibliothèque en octobre prochain, mais sans y aménager le musée. Son implantation aurait nécessité environ 2,5 millions d’euros, auxquels s’ajoutent les 250 000 euros nécessaires à son fonctionnement annuel. Si l’Université réaffirme son soutien au projet de musée, elle l’inscrit désormais dans son plan 2028-2035. « Ce changement nous permet finalement de placer le projet dans une vision à plus long terme, de construire des bases solides pour le musée, que ce soit au niveau du réseau de partenaires comme des collections. Car on ne peut pas construire un tel projet en un an, souligne Lucile Devulder, cheffe de projet à l’AFéMuse (Association pour un Musée des Féminismes) qui co-pilote le projet avec l’Université. Le musée a aussi besoin d’un lieu plus adapté, car la bibliothèque n’était pas le meilleur endroit pour l’accueillir. C’est un lieu ouvert, dont les conditions techniques d’accueil de réserve muséale, de conservation des œuvres n’étaient pas optimales. »
Pour l’heure, le musée recherche donc un lieu plus adéquat pour s’implanter, toujours sur les campus de l’université angevine. « On a déjà plusieurs pistes, même si rien n’est encore défini, confie Lucile Devulder. On travaille aussi sur un nouveau budget prévisionnel. Et on cherche à développer nos ressources propres, en plus des subventions publiques et du mécénat privé. » Grâce à une campagne de financement participative, l’association a fait l’acquisition de sa première œuvre, Madame Maria Vérone à la tribune (1910) de Léon Fauret (voir ill.). Elle avait également levé 50 000 euros du ministère de la Culture et 50 000 euros du Service des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes (SDFE), qui lui ont notamment permis de mettre sur pied sa première exposition temporaire, « Les femmes sont dans la rue ! », présentée dans la bibliothèque jusqu’à juin prochain. Le parcours, qui rassemble plus de 300 œuvres et documents, retrace l’histoire des mobilisations des femmes dans l’espace public. Une prochaine exposition sur les 70 ans du Planning familial est également prévue en 2026, en attendant l’ouverture physique du musée. Un projet retardé donc, mais pas abandonné , assure-t-on.
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À Angers, l’ouverture du Musée des féminismes est reportée sine die
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : À Angers, l’ouverture du Musée des féminismes est reportée sine die