NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Deux lettres ouvertes dénoncent l’implication d’administrateurs des musées new-yorkais dans des entreprises controversées.
La polémique sur la présence d’hommes d’affaires contestés dans les conseils d’administration des musées américains prend de l’ampleur. Le Whitney Museum et le MoMA sont actuellement les cibles de lettres ouvertes pointant du doigt une contradiction entre leur progressisme affiché et les activités de certains de leurs trustees - respectivement dans l’armement, et le secteur pénitentiaire privé.
Depuis fin novembre, plusieurs voix s’élèvent contre Warren B. Kanders, vice-président du Whitney Museum. Après que le webmagazine Hyperallergic a révélé que certaines des armes produites par Defense Technology et Safariland, la compagnie de Warren B. Kanders, ont été utilisées en 2018 contre des demandeurs d’asile à la frontière américano-mexicaine, une centaine d’employés avaient réclamé la démission du trustee.
Par la suite, le groupe Decolonize This Place (DTP) a durant les 9 dernières semaines organisé plusieurs manifestations dans l’enceinte du Whitney Museum pour critiquer Warren B. Kanders. Ce dernier s’est défendu en soutenant n’être « pas responsable de l’utilisation des produits [commercialisés] ». Tentant de ménager la chèvre et le choux, Adam Weinberg, le directeur du musée avait déclaré que: « Le Whitney Museum est avant tout un musée […] il ne peut pas corriger tous les maux d’un monde injuste, ce n’est pas son rôle ».
La polémique a été relancé lundi 29 avril. Des artistes, dont 45 des 75 sélectionnés à la biennale du musée prévue mi-mai, ont signé une lettre ouverte rédigée par des universitaires. « Dire “ non ” à Kanders permettrait […] d’ouvrir le dialogue sur le rôle de l’investissement dans la sphère culturelle, et la responsabilité des institutions envers les communautés qu’elles prétendent servir », soutiennent les signataires en demandant le départ du vice-président.
Ce cas de figure est similaire à la situation actuelle que vit le MoMA. Le week-end passé, une conférence organisée dans ses murs s’était conclue par la lecture d’une lettre ouverte demandant que « le MoMA et son conseiller d’administration Larry Fink cessent d’investir dans les centres pénitenciers privés ».
BlackRock, la compagnie de gestion d’actifs dirigée par Larry Fink, détient d’importantes parts dans GEO Group, et Core Civic. Or, « ces deux entreprises sont responsables de 70% des détentions d’immigrants, incluant les familles séparées à la frontière [mexicaine] », précise la lettre.
Une quinzaine d’artistes ont signé la lettre du MoMA, dont Kader Attia et Jumana Manna. Tous dénoncent une instrumentalisation mercantile de la politique migratoire américaine ainsi que des conditions de détention en violation des Droits de l’Homme.
Ces mobilisations de la société civile sont les dernières occurrences d’un souci éthique qui aspire à une cohérence entre la vocation progressiste des entités culturelles, et les activités de ses propriétaires ou trustees. Ce mouvement a déjà touché, notamment, le mécénat de la famille Sackler et en France, le prix Meurice.
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Artistes et activistes demandent le départ de deux trustees du MoMA et du Whitney Museum
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