États-Unis - Biennale - Société

Sept artistes boycottent la Biennale du Whitney

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 23 juillet 2019 - 426 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Ces artistes exposés à la biennale protestent contre un administrateur du musée mêlé à l’industrie de l’armement.

Façade du Whitney Museum of American Art. © Smart Destination
Façade du Whitney Museum of American Art.

La pression monte contre Warren Kanders. Depuis plusieurs mois, des activistes exigent la démission du vice-président du conseil d’administration du Whitney Museum en raison de ses liens avec le marché de l’armement. Dernier épisode de cette affaire : en signe de protestation, 7 artistes ont exigé le retrait de leurs travaux dans la biennale du musée new-yorkais (17 mai – 22 septembre 2019).

En novembre dernier, des médias américains avaient dévoilé que du gaz lacrymogène utilisé contre des demandeurs d’asile à la frontière américano-mexicaine en 2018 avait été produit par une compagnie de Warren Kanders, Safariland.

« Nous étions très en colère lorsque nous avons appris l’implication de Warren Kanders dans cet évènement […] à l’époque, nous avions déjà accepté l’invitation de la Whitney Biennal et nous préparions nos pièces. Nous nous sommes donc trouvés dans une position délicate : faire défection pour exprimer notre indignation, ou rester et supporter un cas de conscience. Nous avons d’abord décidé de participer. », expliquent quatre des sept artistes dans une lettre ouverte adressée aux commissaires de la biennale, et publiée le 19 juillet sur le site d’Artforum.

Leur volte-face est une réaction à « l’incapacité du musée à fournir une réponse significative aux revendications récentes des artistes et des activistes, précisent les protestataires avant d’indiquer que, l’inertie du Whitney était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Nous refusons désormais toute complicité avec Kanders et ses outils répressifs ».

En janvier dernier, des employés du Whitney Museum avaient réclamé la démission de l’homme d’affaires. Plusieurs collectifs avaient ensuite soutenu la cause, dont Decolonize This Place, responsable de plusieurs manifestations orchestrées dans l’enceinte du Whitney Museum. 

La communauté artistique avait à son tour pris la parole en avril via une lettre ouverte exigeant le départ du vice-président. 45 des 75 artistes sélectionnés pour la biennale avaient signé ce document – mais seul l’artiste conceptuel Michael Rakowitz s’était officiellement désisté avant l’ouverture de la manifestation.        

Face à la fronde, le directeur du Whitney Museum Adam Weinberg avait déclaré : « Le Whitney Museum est avant tout un musée […] il ne peut pas corriger tous les maux d’un monde injuste, ce n’est pas son rôle »

Le boycott de la biennale à mi-parcours, initié par 4 artistes vendredi dernier dont Korakrit Arunanondchai, s’est étendu à 7 artistes dimanche 21 juillet. Le directeur du Whitney Museum a déclaré qu’il « respectait les opinions de ces artistes » et assuré que les œuvres des protestataires seraient retirées.

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