Tendances. La lecture des 600 numéros du Journal des Arts met bien en évidence la montée régulière et massive des phénomènes de mondialisation depuis les années 1990, puis le mouvement inverse avec l’accélération récente de la démondialisation.
On voit ainsi apparaître de nouvelles scènes culturelles à vocation internationale au fur et à mesure que les pays qui les portent s’affirment dans le concert des nations : la Chine qui construit des centaines de musées et concurrence les États-Unis sur le marché de l’art, et les pétromonarchies du Golfe qui misent sur leurs nouveaux musées pour attirer des touristes. Le tourisme, justement, n’est pas le moindre des enjeux dans la multiplication des candidatures à la fameuse Liste des sites patrimoniaux de l’humanité, dont l’Unesco célèbre le cinquantenaire.
Le marché (de l’art) a, comme toujours, été le plus offensif dans cette nouvelle mondialisation. Les galeries grossissent et s’internationalisent, comme le font les foires et les grandes maisons de ventes. Internet symbolise à lui seul, dans une forme paroxystique, l’abolissement des frontières, dont les marchands d’art ont été les premiers bénéficiaires.
À l’échelle de l’histoire de l’humanité, ces dynamiques de globalisation qui ont transformé le monde de l’art en seulement trente ans sembleraient presque nonchalantes par rapport au reflux actuel dont on peine à prendre la mesure. Les bouleversements climatiques, pourtant annoncés par de nombreux lanceurs d’alertes depuis de nombreuses années, ont enfin trouvé un écho dans le public, provoquant un repli croissant de nombreux musées sur le local. Ces derniers, désireux de réduire leur empreinte carbone ont quasiment fait une croix sur les monographies ou expositions duelles exceptionnelles qui requièrent la venue coûteuse, en provenance des quatre coins du monde, de chefs-d’œuvre de grands maîtres.
Et, depuis deux ans, le Covid-19 a montré la nécessité de réinvestir le territoire proche. La politique « Zéro Covid » de la Chine, le raidissement du président Xi Jinping et la mise au pas de Hongkong ont stoppé net les flux culturels avec l’Occident. Sans parler bien sûr de la Russie, mise au ban des nations depuis son invasion de l’Ukraine. Au rythme où vont les choses, les articles du sommaire du numéro 700 du JdA (en juin 2027) devraient consacrer les mots « frugalité », « territoires » et, mais on ne l’espère pas, « militaire ».
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Mondialisation, démondialisation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°600 du 2 décembre 2022, avec le titre suivant : Mondialisation, démondialisation