Une idée comme ça qui fuse lors d’un échange et qui devient le prétexte d’une fiction : concevoir une exposition à l’appui de pièces acquises par ces collectionneurs qui ne se cantonnent pas à accumuler des œuvres, mais qui entreprennent toutes sortes d’actions diverses et variées. Pari tenu !
Je choisis pour cadre un lieu qui m’est familier : la Chapelle de la Visitation de Thonon-les-Bains dont je suis chargé de la programmation. Je pointe alors, hors Paris, quatre collectionneurs « entrepreneurs » très actifs : Josée et Marc Gensollen, Florence et Daniel Guerlain, Bernard Massini, et Claudine et Jean-Marc Salomon. Je décide de leur emprunter de préférence une seule pièce, mais forte et significative, une œuvre qui s’impose par sa monumentalité ou par son caractère sériel. Je m’oblige à jouer le jeu d’un ensemble qui mêle les pratiques.
Sur le plan de la chapelle de Thonon, je trace l’ébauche d’un accrochage. Dans la nef, la magnifique série d’autoportraits réalisés par John Coplans dans les années 1990, qui figure dans la collection des Salomon, trouvera parfaitement à s’inscrire entre les piliers des quatre cimaises et jouera plastiquement avec eux. Elle posera aussi le vecteur commun à cette entreprise fictionnelle, à savoir le corps. De la collection Gensollen, les deux petits bras du transept accueilleront d’une part deux des dessins de Stanley Brouwn que l’artiste a fait dessiner à des passants après leur avoir demandé comment se rendre d’un endroit à un autre, évidemment très différents ; de l’autre, au sol, une œuvre de Ian Wilson, Chalk Circle de 1969, un cercle reproductible à tracer à la craie, de six pieds de diamètre, les commentaires émis sur l’œuvre intéressant l’artiste bien plus que le cercle lui-même.
Dans le chœur, le grand triptyque au sujet des Femmes d’Alger de Djamel Tatah, qui appartient à Bernard Massini, occupera avantageusement le mur du fond. Enfin, la série de dessins du Russe Pavel Pepperstein issue de la collection des Guerlain prendra place sur les deux murs opposés du chœur. Ses paysages de science-fiction, ses portraits d’hommes et de femmes imaginaires, ses assemblages de signes culturels sur fond de drapeaux nationaux sont d’une grande force critique et esthétique. Bref, une exposition sobre, à géométries variables, témoin de l’esprit d’ouverture et d’aventure de ces collectionneurs privés.
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Et si on imaginait une exposition... par Philippe Piguet
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°639 du 1 octobre 2011, avec le titre suivant : Et si on imaginait une exposition... par Philippe Piguet