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Un documentaire à partir d’un détail du Portrait de Madame Duvaucey d’Ingres

Par Cordelia Hales · lejournaldesarts.fr

Le 6 décembre 2024 - 434 mots

Arte poursuit sa série sur l’histoire du monde raconté en partant d’un détail d’un tableau.

Nicolas Autheman, Le diamant d'Ingres, série « Le monde dans un tableau », 2024. © Arte
Nicolas Autheman, Le diamant d'Ingres, série « Le monde dans un tableau »
© Arte, 2024

Comment une bague sertie d'un diamant peut-elle raconter l'histoire du monde ? C'est le défi lancé par le réalisateur Nicolas Autheman, qui s'est intéressé à un détail du Portrait de Madame Duvaucey (1807) du peintre Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867). Quatrième volet de la série d'Arte « Le monde dans un tableau », ce documentaire suit la même structure que les précédents, dont « Le monde dans un tableau, le peigne du Caravage » en 2023.

En 1807, Ingres, alors pensionnaire à la Villa Médicis à Rome, peint le portrait de Madame Duvaucey, maîtresse du baron Alquier, ambassadeur de France au Vatican. L’œuvre la représente assise de trois-quarts, fixant directement le spectateur. Un détail attire particulièrement l’attention : l’index de sa main gauche est orné d'une bague sertie de diamants. Ce bijou témoigne de l’appartenance de Madame Duvaucey à une nouvelle élite, forgée par Napoléon Ier. Mais d'où viennent ces pierres précieuses ? C'est la question qui guide le récit du film et qui permet d'ouvrir « une fenêtre sur des mondes lointains ».

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), Portrait de Madame Duvaucey, 1807, huile sur toile, 76 x 59 cm, Musée Condé, Chantilly. © Dguendel, 2017, CC BY 4.0
Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), Portrait de Madame Duvaucey, 1807, huile sur toile, 76 x 59 cm, Musée Condé, Chantilly.
Photo Dguendel

Le réalisateur relie le tableau à ce qui se passe en Inde et nous emmène de Paris à Anvers, en passant par le port de Surat et les mines de diamants de Golconde. Le narrateur rappelle l'importance historique du diamant en Inde, seul pays à l'avoir exploité jusqu'au XVIIIe siècle. Il aborde également sa symbolique : celle liée au pouvoir et à l'énergie, tout en évoquant le colonialisme britannique qui s'est approprié un diamant indien ancestral : le « Koh-I-Noor » (mot persan signifiant « montagne de lumière »), en le ramenant à la cour d’Angleterre.

En faisant de l’histoire du diamant le nœud du récit, le réalisateur explore aussi de manière plus générale le travail plastique d’Ingres, épris des symboles d'un Orient rêvé. Il y a du commun dans la réalisation du bijou et d’un tableau. D'après le modèle dessiné, le diamant est taillé et monté dans une structure métallique que le joaillier dissimule afin d'uniformiser l'ensemble. Les dessins d'Ingres révèlent également une subtile distorsion de l'anatomie dans le dessin, afin de rendre l'image peinte harmonieuse : « En peinture, pour arriver à la vérité, il faut parfois trahir la réalité ».

Le documentaire mêle judicieusement diverses sources d'archives, des actualités, de films publicitaires et des entretiens d’experts. Plusieurs spécialistes prennent la parole : responsables de la maison Chaumet, diamantaires, tailleurs de pierres précieuses, experte en minéralogie. Chacun apporte un regard personnel et son expertise sur l’œuvre.

Le portrait est aujourd’hui exposé au Château de Chantilly, et constitue un don du Duc d’Aumale, ancien propriétaire du Château, à sa mort en 1897.
 

A VOIR

« Le monde dans un tableau - Le diamant d'Ingres » (2022) réalisé par Nicolas Autheman
Disponible jusqu'au 15 février 2025 sur Arte.tv

« Le monde dans un tableau - Le diamant d'Ingres »

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