Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes de Giorgio Vasari ? Une succession d’anecdotes sur la vie d’artistes de la Renaissance écrites par un artiste quelque peu raté, convaincu de la suprématie de l’art florentin.
C’est du moins le regard un peu condescendant porté par la tradition française sur cet ouvrage publié à Florence une première fois en 1550 chez Torrentino, puis en 1568 chez les Giunti dans une version augmentée. Depuis 2006, Louis Frank, conservateur au département des arts graphiques du Louvre et co-commissaire de la rétrospective Léonard de Vinci au Louvre, s’est donné pour mission d’en proposer une nouvelle traduction, documentée et annotée avec précision, afin de changer notre regard sur ce texte dont il révèle avec force et délicatesse la musicalité aussi bien que la profondeur d’analyse avec la plus grande fidélité, comme un restaurateur, retirant d’une œuvre les couches de poussière accumulées et rendant leur éclat et leurs vibrations aux couleurs d’origine. Après avoir déjà traduit deux vies (sur environ cent cinquante au total), celle de Polidoro da Caravaggio et celle d’Andrea Mantegna, à l’occasion d’expositions du Louvre, Louis Frank publie donc cet automne sa traduction de la Vie de Léonard de Vinci, sur laquelle il travaille depuis… 2009. Car la tâche s’est révélée particulièrement ardue. « Les éditions des Vies de Vasari au XVIe siècle ont conservé des coquilles qui peuvent rendre certaines phrases incohérentes. Pour retrouver une certaine cohérence, les éditeurs ont parfois modifié la ponctuation, ou remplacé certains mots. J’ai donc commencé par rééditer le texte selon des principes rigoureux, en respectant l’orthographe d’origine et la ponctuation et en expliquant chaque correction dans les notes », explique Louis Frank. Mais ce n’est pas tout : Léonard suscite une fascination telle que la documentation qui s’est constituée à son sujet au fil des siècles est particulièrement abondante, souvent sans fondement historique réel : « Pour chaque œuvre, chaque événement évoqué par Vasari, il m’a paru essentiel de revenir aux sources, en allant chercher à chaque fois la première mention historique existante », explique Louis Frank. Après avoir ainsi consacré dix années de sa vie à la traduction et à l’annotation des quelques pages qui constituent la Vie de Léonard de Vinci par Vasari, Louis Frank a réalisé la tâche la plus délicate et la plus ardue de son entreprise titanesque. Car la Vie de Vinci constitue la clé de voûte de la construction littéraire du visionnaire Vasari, qui décrivait déjà la Joconde comme la plus parfaite expression de l’art de Léonard, bien avant qu’on la regarde comme telle.
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Louis Frank, le restaurateur de Vasari
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°727 du 1 octobre 2019, avec le titre suivant : Louis Frank, le restaurateur de Vasari