PARIS
Cette spécialiste de l’art africain contemporain, qui participe à la fin du mois à la foire AKAA au Carreau du Temple, analyse l’état du marché.
Elles ont joué un rôle majeur au sein d’un écosystème de plus en plus favorable aux artistes issus du continent africain, qu’ils vivent en Afrique ou qu’ils fassent partie des diasporas. Maisons de ventes et galeries font un travail de fond, qui doit s’inscrire dans un paysage plus large, avec des grandes expositions (« Africa Remix » en 2005, « Africa » en 2020). Après la pandémie, Paris est redevenue une place centrale de l’art international et du marché de l’art. En tant que galeristes spécialisés, nous avons été nombreux à sentir que le moment était venu d’ouvrir un espace parisien.
Le nom même de AKAA est très éloquent : « Also known as Africa ». Il s’agit de mettre au centre du marché de l’art une scène artistique jusqu’alors perçue comme périphérique. Ce qui fait le charme et l’intérêt de cette foire, outre qu’elle offre une grande visibilité aux artistes africains, c’est la place fondamentale apportée à la réflexion et aux échanges autour de cette réécriture nécessaire de l’histoire de l’art. C’est aussi une foire que l’on pourrait qualifier d’assez démocratique : les collectionneurs y viennent, mais aussi un public qui n’a pas forcément l’habitude d’acheter des œuvres. Il y a aussi une place pour des artistes émergents qui ne peuvent pas encore accéder à des foires dites plus importantes et prescriptrices.
Elle est en cours de construction et n’est pas encore stabilisée. Il y a encore trop de « coups » d’artistes très jeunes, qui veulent réussir trop vite, et vendre leurs œuvres très cher. En tant que galeriste, il me semble important de proposer des prix raisonnables par rapport au marché, comme je l’ai fait lors du solo show de l’artiste togolais Clay Apenouvon, déjà connu à l’international. C’est ce travail qui permettra aux arts africains de se faire une place sur le marché de l’art globalisé.
D’après mon expérience, ils sont très variés en termes d’âge, d’origine sociale et géographique. Les collectionneurs d’art contemporain qui ont un vrai pouvoir prescripteur commencent à s’intéresser à d’autres géographies dont l’Afrique, à travers de grands noms qui ont déjà émergé (El Anatsui, Omar Ba). Mais il y a de plus en plus de nouveaux collectionneurs, plus jeunes, qui sont stimulés par cette émulation autour d’un marché qui permet de se confronter à de nouvelles esthétiques.
Beaucoup d’entre eux sont originaires d’Afrique de l’Ouest, comme l’illustrent les artistes avec lesquels je travaille : Olga Yaméogo, qui vit aujourd’hui à Toulouse, est originaire du Burkina Faso, et Gopal Dagnogo et Jean Servais Somian sont de Côte d’Ivoire. Cela étant dit, je tiens beaucoup, lorsqu’on parle d’artistes africains, à ce qu’on parle aussi de l’Afrique du Nord. J’estime qu’exclure de la représentation qu’on a des artistes africains celles et ceux qui viennent du Maroc, d’Algérie, de Libye ou de Tunisie n’a pas de sens.
En 1989, l’exposition événement « Les Magiciens de la terre » au Centre Pompidou a présenté pour la première fois des artistes non occidentaux, dont de nombreux créateurs africains.
2,2 millions $
C’est le prix atteint chez Christie’s New York en mai 2023 par la tapisserie Prophet du Ghanéen El Anatsui, seul artiste africain vivant à franchir le seuil des 2 millions en vente aux enchères.
« À AKAA, il y a aussi un aspect très joyeux, festif ; c’est un peu la grande famille des amoureux des arts africains qui se réunit. » Véronique Rieffel
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Véronique Rieffel : « L’écosystème parisien est de plus en plus favorable aux artistes africains »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°768 du 1 octobre 2023, avec le titre suivant : Véronique Rieffel : « L’écosystème parisien est de plus en plus favorable aux artistes africains »