Le commissaire-priseur Frédéric Chambre qui officie chez Piasa se réjouit des bons chiffres enregistrés par l’opérateur en 2024 et en progression constante.
Frédéric Chambre, commissaire-priseur chez Piasa, maison de ventes aux enchères spécialisée dans l’art, le design, et les objets de collection, commente le bilan des ventes de l’année 2024 et leur stratégie mise en place.
L’année a été très bonne. Nous enregistrons un chiffre d’affaires de près de 65 millions d’euros frais inclus (dont 4 M€ pour Bruxelles) – pour 41 ventes cette année – soit une progression de 8 % par rapport à 2023 qui était déjà en hausse par rapport à 2022 (+ 26 %). Depuis 2018-2019, nous avons une croissance systématique dans un marché qui n’est pas si facile. Nous avons mis à peu près cinq ans, entre 2013 et 2018, à créer l’image, la visibilité et la crédibilité de notre maison, qui, aujourd’hui, est devenue une marque aussi bien en France qu’à l’international.
Celle-ci a été mise en place à partir de 2013 et surtout en 2014, année où nous nous sommes installés dans nos locaux rue du Faubourg-Saint-Honoré. Nous nous sommes posé la question, avec les actionnaires (Charles-Henri Filippi, Serge Weinberg, Alexandre Berda, Laurent Dumas ainsi que Marie Filippi et Frédéric Chambre, qui tous deux co-dirigent Piasa...) de savoir si nous voulions diminuer le nombre de départements ou au contraire continuer à les développer dans toutes les catégories du marché de l’art. Nous avons choisi de créer des spécificités très fortes. Quatre années de transformation d’une maison de ventes très traditionnelle en une maison de ventes beaucoup plus resserrée ont été nécessaires – des années difficiles, avec des coûts de développement importants. Aujourd’hui, nous avons deux départements principaux qui sont le design (39 M€) et l’art moderne et contemporain (18 M€) – nous souhaitons renforcer ce deuxième département pour arriver à trouver un équilibre – tandis que le troisième sur lequel nous misons beaucoup à terme concerne les bijoux (3 M€).
Depuis 2020, plus aucune vacation n’est organisée à Drouot, toutes ont lieu rue du Faubourg-Saint-Honoré : il y a les ventes live (95 % de notre CA) et les ventes online ou onlive (qui comptent pour 2,5 M€ en 2024), c’est-à-dire en salle, à huis clos sans public, sans exposition préalable – les lots étant visibles au garde-meuble sur rendez-vous – et retransmises sur Internet. Piasa, c’est avant tout une équipe (40 personnes), puis un lieu, mais aussi une image et des catalogues. Nous continuons à en éditer, d’abord parce que nous aimons les faire mais également parce que nous pensons qu’ils sont fondamentaux pour notre clientèle et notre marché. C’est un vrai budget que d’imprimer et d’envoyer des catalogues. Nous en envoyons encore 900 gracieusement à nos clients dont 70 % à l’étranger et ce, pour toutes les ventes.
Nous avons en effet ouvert ce bureau, dirigé par Sabine Mund, spécialiste d’art moderne et contemporain belge, dans les locaux de la Patinoire Royale. Depuis quatre ans, nous réalisons en Belgique, deux fois par an, des ventes de design dont les résultats étaient très encourageants. Tout ce qui touchera à ce département et quel que soit son lieu de sourcing sera vendu à Bruxelles. En revanche, les ventes d’art moderne et contemporain international seront exclusivement orchestrées à Paris sauf exception. Quant au design sourcé en Belgique, il sera, en fonction des objets, présenté aussi bien à Bruxelles qu’à Paris.
Nous réfléchissons à un déploiement plus européen, malgré le fait que les États-Unis représentent notre plus gros marché – 45 % de notre chiffre d’affaires – et pourquoi pas l’Italie, la Scandinavie ou l’Allemagne ?
Ça ne sert à rien de faire 10 millions de plus si ces 10 millions nous coûtent de l’argent. Nos bénéfices sont très bons (2,5 M€ en 2023). Donc d’abord, nous voulons consolider notre chiffre et maintenir notre profitabilité – nous avons des coûts fixes importants entre nos différents loyers (rue du Faubourg-Saint-Honoré et notre garde-meuble), nos équipes et nos coûts inhérents aux ventes (catalogues, photos, manutentions, transports...) – nous réfléchissons quand même à dématérialiser davantage certaines ventes.
Actuellement, concernant le design, nous avons instauré une récurrence avec nos grandes thématiques géographiques, design italien, français, américain, scandinave et brésilien, ainsi que finlandais en partenariat avec la maison de vente nordique Annmaris. Nous réfléchissons sur le bien-fondé de scinder encore plus nos ventes de design scandinave en trois vacations distinctes autour de la Suède, du Danemark et de la Finlande.
Pas actuellement, mais je trouve que c’est une bonne idée. Nous ne cherchons pas, mais si l’opportunité se présente, nous irons. C’est une question de rencontre.
Le marché a tenu bon en 2024 mais il est très sélectif et de plus en plus. À titre d’exemple, dans le domaine du design – comme dans celui du XVIIIe siècle –, nous ne présentons en vente que 20 à 25 % de ce qui nous est proposé sachant que le reste est malheureusement considéré comme hors marché actuellement. Par ailleurs, nous refusons quasiment 15 000 objets par an en design (contre 4 000 proposés). Le nombre de clients acheteurs, quant à lui, est un tout petit peu plus restreint mais nous pouvons compter sur notre clientèle internationale qui représente en valeur quasiment les deux tiers de notre chiffre d’affaires – sans poussée internationale, le marché serait très compliqué. En outre, même si nos chiffres et notre croissance sont positifs, je pense qu’il va falloir retourner à un jeu d’estimations légèrement plus attractives afin de stimuler les enchères.
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Frédéric Chambre : « Nous sommes en progression depuis 2018 »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°646 du 3 janvier 2025, avec le titre suivant : Frédéric Chambre, commissaire-priseur : « Nous sommes en progression depuis 2018 »