La galerie White Cube Paris accueille une exposition consacrée à l’artiste grec Takis, célèbre pour ses œuvres cinétiques.
Athènes (Grèce). Né en 1925 à Athènes, Panayiotis Vassilakis, dit Takis, se rend pour la première fois à Paris en janvier 1954. Dès lors, et à l’exception d’allers et retours en Grèce ou de nombreux voyages, notamment à New York, il fera de Paris sa résidence principale. Il y vivra, entre autres, boulevard du Montparnasse, à l’Hôtel Lutétia (où il occupa longtemps une suite en échange de sculptures), dans le 14e arrondissement.
C’est dans la capitale française qu’il fait, dès 1955, des rencontres déterminantes : Yves Klein, Jean Tinguely, la galeriste Iris Clert, Alberto Giacometti, Alexandre Calder… Il y exposera à de nombreuses reprises, notamment en 1955 à la galerie Furstenberg, au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 1980, au Centre Pompidou l’année suivante, lors d’une rétrospective à la Galerie nationale du Jeu de Paume l’été 1993, au Palais de Tokyo en 1995, plusieurs fois à la galerie Xippas ou Mitterrand. Mais depuis son décès en 2019, survenu un mois après l’inauguration de sa rétrospective à la Tate Modern de Londres, il a quasiment disparu de la scène française.
Cette première exposition dans l’espace parisien de la galerie White Cube et la troisième sous cette enseigne (après celles de Hong Kong en 2020 et Londres en 2021), depuis qu’elle a annoncé la représentation de la Fondation Takis en septembre 2020, fait donc figure d’évènement. D’autant qu’elle rassemble une vingtaine d’œuvres, principalement datées du milieu des années 50 aux années 80, autour du thème de la relation de l’artiste avec Paris. On y découvre quelques œuvres historiques telles que Signal de 1954 (l’un des tout premiers), une autre pièce de 1955 (présente lors de l’exposition du Jeu de Paume) ou encore cette rare sphère en bronze (de 1957) évoquant une planète, ainsi que les principales séries de l’artiste dont les Signaux (voir ill.). Composées de tiges en fer au sommet desquelles, telles des fleurs, sont perchés à la fois des objets en ferraille trouvés par hasard ou d’autres qu’il façonne lui-même, ces œuvres longilignes lui ont été inspirées par des éléments de signalisation qu’il avait découverts à la gare de Calais et par les sculptures de Giacometti.
Un peu plus loin, sont accrochés une rare et splendide Télépeinture et un Magnétic Relief, deux tableaux magiques qui, à l’aide d’aimants fixés derrière la toile, maintiennent en lévitation des cônes ou autres objets comme suspendus au-dessus du vide. Sous une forme différente, dans une salle suivante, les deux Pièces musicales jouent encore une autre partition, celle du son (Takis était passionné de musique) généré par de grandes aiguilles à la verticale qui, mues par aimantation, viennent frapper de façon aléatoire une tige en métal créant ainsi des vibrations, des résonances, des notes cosmiques. Elles sont comme un point d’orgue à cet ensemble qui rappelle la magnifique capacité de Takis à sculpter l’impalpable, l’invisible, l’interstice, LeVide comme l’indique le titre de cette sélection. Et à jouer de façon innovante et maîtrisée sur les masses et la gravité, sur les forces et sur l’attraction de l’électromagnétisme pour explorer, les énergies, le cinétisme, l’espace, la musique de l’espace.
De 50 000 à 300 000 euros, les prix sont de toute évidence élevés. Mais ils correspondent à ceux d’un artiste historique, expérimentateur, pionnier dans sa démarche et à la longue et importante carrière internationale.
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Takis, l’artiste qui parlait à l’oreille des étoiles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°646 du 3 janvier 2025, avec le titre suivant : Takis, l’artiste qui parlait à l’oreille des étoiles