PARIS
Programmée de longue date, l’exposition Dubuffet à la Galerie Jeanne Bucher Jaeger sonne comme un hommage à Jean-François Jaeger, disparu en décembre à l’âge de 98 ans.
L’exposition se concentre principalement sur des œuvres sur papier et quelques peintures, des années 1950 au décès de l’artiste en 1985. Avec mon frère Emmanuel Jaeger, nous présentons notamment des œuvres de la série des Matériologies [années 1950], du cycle de l’Hourloupe [années 1960 et 1970], mais aussi des séries des Mires et des Non-lieux [années 1980].
Dubuffet a réalisé très peu d’autoportraits. La relation entre Jean Dubuffet et mon père, Jean-François Jaeger, a été très forte, notamment durant la période de l’Hourloupe. L’artiste, qui avait une personnalité très affirmée, a beaucoup compté pour mon père. Ils se sont rencontrés dans les années 1960 par l’intermédiaire de Jean Planque – qui fut « l’œil » du marchand Ernst Beyeler. Les galeries Beyeler et Jeanne Bucher ont ainsi conjointement représenté l’artiste durant dix ans, avant que Jean-François Jaeger présente Dubuffet à Arne Glimcher, le fondateur de la Pace Gallery, qui lui demandera l’exclusivité.
Même s’il s’agit d’une « écriture » tout à fait particulière, il y a en effet quelque chose de figuratif chez Dubuffet qui intéresse alors mon père. Mais il faut se souvenir que, dans les années 1960, personne ne comprend ni ne s’intéresse au cycle de l’Hourloupe, qui est alors nouveau dans l’œuvre de Dubuffet !
Nous présentons chaque année une exposition importante d’un de nos artistes historiques. L’exposition Tobey, en 2020-2021, a été préparée durant deux ans et, pendant que nous présentons Jean Dubuffet à la galerie, nous préparons une prochaine exposition des œuvres de Hans Reichel. Proche de Klee et de Kandinsky, Reichel a été un artiste que nous avons montré très tôt à la galerie. Les autres expositions sont consacrées aux artistes contemporains de la galerie : Evi Keller, Paul Wallach, etc.
J’ai souhaité bien évidemment faire entrer de nouveaux artistes comme Susumu Shingu ou Michael Biberstein. À chaque fois, ce sont des rencontres avec des artistes dont on se dit que l’œuvre est fondamentale, quel que soit l’âge de son créateur. Lorsque Shingu, né en 1937, fait voyager au début des années 2000 vingt et une sculptures dans six endroits isolés de la planète (La Caravane du vent), c’est une œuvre environnementale extrêmement contemporaine.
Il nous vient d’abord de Maria Helena Vieira da Silva, que Jeanne Bucher a exposée dès la fin des années 1930. Le Portugal est un pays que j’aime beaucoup, et où la galerie possède un espace (à Lisbonne). La saison commence pour nous en février avec un artiste que nous aimions beaucoup : la rétrospective Gérard Fromanger au Musée Berardo à Lisbonne, pour laquelle nous sommes partenaires à travers nos prêts et une aide au catalogue. Ensuite, nous participons à de nombreux événements autour de Vieira da Silva, comme sa rétrospective au Musée Cantini à Marseille, durant l’été 2022, dans laquelle la galerie est très impliquée. À la galerie, nous aurons également une exposition du dessinateur Rui Moreira. Sans oublier les expositions de Miguel Branco au château de Fontainebleau, lors du Festival d’histoire de l’art de l’INHA, et « Le théâtre de nature », du nom d’une œuvre de Vieira da Silva, dans notre espace lisboète.
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Véronique Jaeger : « La relation entre Dubuffet et J.-F. Jaeger a été très forte »
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Abonnez-vous dès 1 €Galerie Jeanne Bucher Jaeger, 5, rue de Saintonge, Paris-3e. jeannebucherjaeger.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Véronique Jaeger : « La relation entre Dubuffet et Jean-François Jaeger a été très forte »