Foire & Salon

Salons marseillais : chacun dans son coin

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 7 septembre 2023 - 658 mots

MARSEILLE

Comme chaque année, Paréidolie et Art-o-rama se tiennent simultanément début septembre sans établir de synergie entre eux.

Stand de la galerie Espace à vendre présentant les dessins de Jean-Luc Verna lors de l'édition 2023 de Paréidolie. © Photo Jean-Christophe Lett
Stand de la galerie Espace à vendre présentant les dessins de Jean-Luc Verna lors de l'édition 2023 de Paréidolie.
© Photo Jean-Christophe Lett

Marseille. Cela fait partie des mystères marseillais. Fin août, la foire d’art contemporain, Art-o-rama, et le Salon international de dessin contemporain, Paréidolie, se tiennent dans la cité phocéenne, aux mêmes dates. Mais aucune passerelle n’existe entre les deux : nombre de visiteurs de la première ignorent l’existence du second, et vice versa. Pendant quelques jours pourtant, « le centre de la culture s’est déplacé vers le sud », affirmait Nicolas Misery, directeur des musées de Marseille, lors du vernissage de l’exposition « Sentiment du dessin », au Musée d’art contemporain (MAC), tout juste rouvert. L’exposition, qui réunit des chefs-d’œuvre choisis dans les collections de trois institutions françaises, marque l’ambition de la « Saison du dessin 2023 », produite par l’association Château de Servières, comme le Salon Paréidolie.

Ce dernier, qui a fêté ses dix ans, rassemblait seize galeries, dont trois venues de Belgique, une du Luxembourg et une d’Espagne. Malgré deux exposants de plus qu’en 2022 et six nouveaux venus, le format de la manifestation demeure modeste. Mais Paréidolie est de qualité constante et maintient l’équilibre entre les œuvres d’artistes établis et les travaux de jeunes talents. La galerie 8+4 (Paris) présentait ainsi des dessins et des cyanotypes récents de Vera Molnár – à l’orée de son centenaire. Espace à vendre (Nice) consacrait un focus à Jean-Luc Verna [voir ill.] avec ses fameux transferts de dessins rehaussés au maquillage (entre 1 600 et 5 000 euros). Deux superbes sprays bleus de Renée Levi accrochaient le regard sur le stand de Bernard Jordan (Paris), qui précisait avoir vendu une quinzaine de pièces à des prix très accessibles, notamment des « Formes molles » de Marine Pagès, et des aquarelles et crayons sur buvard d’Alexandre Leger, pour moitié à des nouveaux clients. Aucune demande, en revanche, pour les dessins plus chers (dont les prix, détail appréciable, étaient affichés), comme les plis et déplis d’Aristide Bianchi (autour de 4 000 euros).

Pour sa deuxième participation, Nosbaum Reding (Luxembourg) mettait en avant des encres de Chine d’August Clüsserath. Originaire de la Sarre, ce contemporain de Fernand Léger a développé sur le tard une œuvre abstraite (à redécouvrir), dans la veine de Pierre Soulages ou Georges Mathieu. Le galeriste luxembourgeois montrait aussi un large éventail de ses artistes, les œuvres graphiques de Manuel Ocampo et Barthélémy Toguo côtoyant les miniatures captivantes de Gladys Bonnet, fraîchement diplômée des Beaux-Arts de Bruxelles.

Installée pour la deuxième année consécutive à la Friche la Belle de Mai, Art-o-rama privilégiait les présentations monographiques, avec 28 solos shows et 8 duos parmi la quarantaine de galeries sélectionnées. Comptant une moitié de nouveaux participants, la foire se veut résolument tournée vers la jeune création et les jeunes galeries. Au risque de décontenancer une partie de ses visiteurs.

Parmi les stands remarqués, celui de la galerie Sans titre (Paris), drapé d’une œuvre textile monumentale d’Aysha E Arar, présentait aussi un portfolio de ses œuvres sur papier (de 400 à 1 200 euros). Récompensée par le prix Marval, qui a donné lieu à l’acquisition d’une œuvre de Léo Fourdrinier (Janus, 2023), la galerie Hatch (Paris) pouvait se féliciter d’avoir ainsi réalisé une vente à l’issue de la foire. Ce n’était pas le cas de Salle Principale (Paris), qui avait fait le pari de montrer deux vidéos contemplatives de Jean-Baptiste Perret.

Un public « très éclectique »

Les galeries présentant des artistes plus reconnus semblent avoir eu plus de succès. Ainsi la galerie Maubert (Paris), pour sa première participation, présentait des peintures (entre 10 000 et 15 000 euros) de Sylvie Fanchon, disparue en avril dernier. « Des ventes vont se concrétiser avec une belle collection belge », affirmait Florent Maubert. Lange+Pult (Zurich) qui exposait des œuvres récentes et anciennes de Mathieu Mercier, se satisfaisait d’avoir réalisé notamment trois ventes durant le vernissage. Venu avec un solo show de l’artiste tokyoïte COBRA, Good Weather (Chicago) estimait son bilan positif : « Art-o-rama est une foire très abordable [les stands coûtent 3 000 euros] et le public est très éclectique. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°616 du 8 septembre 2023, avec le titre suivant : Salons marseillais : chacun dans son coin

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