MARSEILLE
En cette fin d’été, l’art contemporain a animé la cité phocéenne. Le Salon du dessin, Paréidolie, confirmait la qualité de sa sélection et la fidélité de son public, quand Art-o-rama affichait ses ambitions internationales.
Marseille. À l’origine de ce Salon international du dessin contemporain, « il y a beaucoup de tendresse », assurait, en préambule, un Jean de Loisy (ex-directeur des Beaux-arts) bronzé et impliqué dans sa mission de président du comité de sélection. Mais aussi, « l’ambition de présenter des galeries européennes et internationales », soulignait Martine Robin, la directrice du Salon. Paréidolie, qui lance dans le Sud une « Saison du dessin » au programme de plus en plus étoffé – du Frac PACA au Musée Cantini – en était à sa neuvième édition. Outre deux cartes blanches à des structures régionales, il réunissait quatorze galeries, pour l’essentiel françaises, dans les espaces de l’association du château de Servières. Le cadre était idéal pour prendre le temps de regarder sans risquer la saturation. D’autant que l’accrochage soigné et la qualité des stands invitaient à s’attarder à la rencontre des œuvres.
La galerie montpelliéraine AL/MA partageait ainsi ses cimaises entre les dessins de Maëlle Labussière, de Dominique De Beir et d’Ève Gramatzki, toutes trois réunies par une forme d’épure et de réitération du geste. Les grilles sur papier d’Ève Gramatzki (1935-2003) faisaient penser aux toiles d’Agnès Martin, artiste canado-américaine. La galerie se concentrait en effet sur la période non figurative de l’artiste. La plus minimaliste aussi.
C’est un parti pris que l’on retrouvait ailleurs sur le Salon. Chez Laurent Godin (Paris), par exemple, qui montrait notamment les grands draps de Michel Dector, peintures à l’aérosol de chiffres « 1 » hiératiques. Mais également sur le stand de Valeria Cetraro (Paris), où la rigueur architecturale du duo Pia Rondé et Fabien Saleil dialoguait avec les dispositifs géométriques de Pierre Weiss [voir ill.]. Ou encore, chez Françoise Besson (Lyon), avec la conversation silencieuse des traces dessinées de Xiaojun Song et Barbara Carnevale, ondulantes et démultipliées pour la première, lignes nettes pour la seconde, pastels secs à la poursuite d’une forme. Quant aux compositions colorées de Maxime Duveau (Espace à vendre, Nice), elles s’étiraient en superpositions légères de tampons, crayons et motifs sérigraphiés sur papier, pour créer des spéculations optiques abstraites.
Avec des prix allant de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros, le Salon a eu du succès auprès de ses visiteurs (environ 3 500 à l’issue des deux jours) et le bilan était positif pour la quasi-totalité des exposants. Ainsi Marie-Caroline Allaire-Matte, directrice de la galerie AL/MA a trouvé preneurs pour plusieurs dessins d’Ève Gramatzki et de Dominique De Beir (de 1 200 € à 4 000 €). Les œuvres de Xiaojun Song chez Françoise Besson se sont écoulées comme des petits pains (de 200 € à 4 000 €), tandis que la galerie Backslash (Paris), dont c’était la deuxième participation, affirmait avoir trouvé preneurs pour une douzaine d’œuvres de Karine Rougier et d’Odonchimeg Davaadorj (entre 1 000 € et 3 000 €). Les prix sont allés jusqu’à 10 000 euros pour des dessins de Pierre Weiss, chez Valeria Cetraro. Autant de résultats qui, entre collectionneurs marseillais et amateurs belges, signalent un public averti et attentif.
Art-o-rama entre émergence et classicisme
Art contemporain. Marseille toujours. Le rendez-vous ensoleillé du milieu de l’art contemporain dans le prolongement des vacances, Art-o-rama a la réputation d’être une petite foire décontractée. Elle affirmait lors de cette 16e édition, du 25 au 28 août, son prisme international, se positionnant en porte d’entrée des foires du Vieux Continent sur un axe sud. Outre une forte proportion de galeries européennes, la section principale comptait quatre marchands américains, dont deux nouveaux exposants de Chicago, notamment Good Weather : très sobre, son stand, entremêlant les dessins, les peintures et les sculptures de Hunter Foster et Jerry Phillips, était conçu comme une installation en soi, métaphore d’un système tournant à vide. C’était l’une des rares propositions radicales, à côté de stands plus classiques, comme celui de Ceysson & Bénétière (Paris, New York et Koerich) qui participait pour la deuxième fois, avec une série de tableaux colorés séduisants de Nicolas Momein [voit ill.], ou celui de la galerie Meessen De Clercq (Bruxelles) alignant les micro-sculptures à l’esprit très « ikebana » de Théo Massoulier.
Anne-Cécile Sanchez
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Le salon marseillais Paréidolie, petit mais dense
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°594 du 9 septembre 2022, avec le titre suivant : Le salon marseillais Paréidolie, petit mais dense