PARIS
Jennifer Flay ne voulait pas d’une foire dont les grandes galeries et collectionneurs étrangers auraient été absents.
Attendue depuis des semaines par les acteurs du monde de l’art, la décision de maintenir ou non la Fiac a été à plusieurs reprises ajournée. Pourtant, l’annulation de la foire semblait relever de l’évidence aux yeux des observateurs du marché. « Au vu de la situation sanitaire mondiale depuis juillet, tant en termes de transport que de circulation des personnes, on ne voit pas très bien comment une foire internationale d’art aurait pu avoir lieu cet automne », résume Stéphane Corréard, le fondateur du salon Galeristes, selon lequel « c’est une décision logique ». Plus surprenant, l’annulation concerne non seulement l’événement organisé au Grand Palais, mais également son parcours « Hors les murs », étendu au Petit Palais, au jardin des Tuileries, au Musée national Eugène-Delacroix, place Vendôme et place de la Concorde. Ce programme aurait-il pu être sauvegardé, le format de la Fiac repensé ? « À cinq semaines d’un événement, cela devient très compliqué de l’organiser autrement », estime Marion Papillon, la présidente du Comité professionnel des galeries d’art.
Certains voient dans cette annonce très tardive l’illustration des tensions existant au sommet. Il y aurait eu en effet divergence entre l’organisateur, Reed Expositions, et la direction artistique, incarnée par Jennifer Flay. Celle-ci souhaitait de longue date, semble-t-il, annuler, afin de préserver l’identité patiemment construite d’une foire, reposant sur une sélection rigoureuse de galeries d’art moderne, d’art contemporain et de design parmi les plus importantes de la scène internationale.
Reed, pour sa part, penchait pour le maintien afin de ne pas aggraver la chute des recettes de son activité d’organisateur de salons. Quitte à ce que la Fiac ouvre ses allées à des galeries qu’elle aurait, en d’autres temps, refusées. Ce au risque d’une foire « au rabais », et sans pour autant se montrer prêt à baisser le prix de location des stands. Ce sont donc deux logiques qui se sont affrontées, l’une privilégiant le positionnement de la foire, l’autre étant dictée par des intérêts commerciaux plus immédiats. Reed s’est cependant engagé à rembourser aux exposants 100 % des sommes versées. « Il s’agit désormais de repenser le modèle économique des foires, lance Marion Papillon. Il faut que les galeries, les organisateurs de salons, mais aussi les lieux publics ou privés qui les accueillent se mettent autour de la table. Nous avons besoin de davantage de clarté sur les conditions de règlement, d’annulation, sur les questions d’assurance… »
La 47e édition de la Fiac doit avoir lieu du 21 au 24 octobre 2021 au Grand Palais Éphémère sur le Champ-de-Mars. Dans un contexte différent ? « Les galeries ont mesuré la dépense que constitue la participation à une foire comme Art Basel, Frieze ou la Fiac, et les apports indirects de trésoreries que génèrent ces annulations, estime Clément Delépine, cofondateur de la foire off Paris Internationale. Je ne serais pas surpris que certaines décident de se concentrer exclusivement sur leur territoire à l’avenir. Du moins pour quelque temps. »
Foire de photo. Également organisée par Reed, Paris Photo se déroulera bien au Grand Palais, du 12 au 15 novembre prochains. Sa directrice a toujours voulu maintenir l’édition 2020. « C’est très important pour l’écosystème de manière générale, que ce soit pour les galeries, les artistes, les éditeurs ou nos partenaires. Il est même vital, souligne Florence Bourgeois. Beaucoup trop d’acteurs et d’événements parallèles comptent sur nous. » En espérant que l’aggravation de la crise sanitaire ne vienne pas contrecarrer ce volontarisme.
Christine Coste
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Pourquoi la Fiac a annulé son édition 2020
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°551 du 18 septembre 2020, avec le titre suivant : Pourquoi la Fiac a annulé son édition 2020