Pour son 21e anniversaire, la foire internationale de photographie est plus que jamais au faîte de l’avant-garde, convoquant enseignes du monde entier et poids lourds de l’art contemporain pour des propositions de qualité de plus en plus diversifiées.
Paris. La cartographie d’une foire en dit long sur la place tenue par telle ou telle galerie sur l’échiquier du marché de l’art, comme celle réservée aux éditeurs et partenaires. L’exercice pour ses organisateurs est à chaque fois un casse-tête. Paris Photo 2017 n’y a pas dérogé. La répartition des 160 galeries et 30 éditeurs relève d’un délicat équilibre. Les espaces du Grand Palais loués par Reed Expositions France demeurent inchangés en superficie pour un nombre d’exposants toujours élevé bien que relativement stable, comparé à 2016, compte tenu des regroupements de certains marchands et enseignes sur un même stand.
Les changements interviennent surtout à la marge. Le carré central, dit carré d’or, continue à se distribuer entre les ténors des galeries photos comme Kicken, Thomas Zander, Howard Greenberg, Fraenkel, Pace/MacGill, Bruce Silverstein ou Hamiltons et les grands noms de l’art contemporain que sont Gagosian, Karsten Greve ou Daniel Blau. La poignée d’enseignes françaises à y prendre place témoigne, elle, de la place grandissante tenue désormais par les galeries généralistes sur ce marché. La galerie Françoise Paviot exceptée, toutes le sont. Aux côtés de Nathalie Obadia et de Christophe Gaillard, déjà présents dans ce carré par le passé, prennent place cette année RX, les Filles du Calvaire et Aline Vidal.
Un nombre restreint d’enseignes strictement consacrées à la photographie (25 galeries sur 160) font leur entrée sous la verrière du Grand Palais. Et parmi ces dernières, aucune n’est française. Aline Vidal, Maubert, Sit Down ou Mitterrand sont des galeries d’art contemporain, tout comme la galerie parisienne Bertrand Grimont, qui fait son retour à Paris Photo. Une orientation que Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo, et Christoph Wiesner, directeur artistique, assument, soulignant « le contenu des propositions, leur qualité et l’évolution des pratiques ou usages du médium plus que jamais incorporés dans les créations actuelles ». Des choix qui trouvent également leur raison d’être dans cet exercice de répartition entre grosses pointures et enseignes moins importantes, entre galeries françaises (30 % des exposants) et étrangères (70 %). On peut ainsi supposer qu’une Susan Meiselas chez Catherine et André Hug, galeristes photo parisiens (non retenus pour cette édition), y est moins visible que chez Danziger, enseigne photo new-yorkaise plus référencée et au carnet de personnalités fourni.
Dès sa création, en 1997, Paris Photo s’est positionnée pour être une foire internationale. Vingt ans plus tard, elle règne sans partage et imprime une sélection de galeries encore plus diversifiée, bien que toujours dominée par une forte présence américaine, d’ailleurs légèrement plus importante cette année (31 galeries contre 27 en 2016). Plus marquée aussi est la montée en puissance des galeries allemandes (18 contre 11 l’an dernier), avec, entre autres, la participation de la galerie berlinoise Springer. Les liens tissés en Allemagne par Christoph Wiesner (représenté pendant quinze ans par Esther Schipper à Berlin), n’y sont certainement pas étrangers.
Bien plus timide en revanche est la présence d’enseignes sud-américaines (4 contre 2 en 2017) ou asiatiques (10 contre 8). Le secteur Prismes s’étoffe quant à lui en nombre de pièces exceptionnelles dans leurs formats ou extrêmes raretés. Plus que jamais Paris Photo « tend à donner une visibilité plus grande aux pièces inédites, rares ou uniques quelque soient les époques et les genres », souligne Christoph Wiesner.
La naissance d’Approche, dernier né des salons photos confié à la commissaire Léa Chauvel-Lévy dans un hôtel particulier parisien autour de quatorze propositions d’artistes, dont treize soutenues par des galeries, s’inscrit dans ce besoin ressenti par de plus en plus de collectionneurs de Paris Photo d’être surpris et de voir davantage les créateurs d’aujourd’hui. Le choix d’Emilia Genuardi et Sophie Rivière, ses deux cofondatrices, de se concentrer sur de jeunes talents répond à ce constat du peu de visibilité donnée par Paris Photo à cette génération de photographes ou d’artistes de moins de 40 ans. La programmation de la sixième édition de Photo Saint-Germain et le parterre d’éditeurs d’Offprint s’inscrivent dans ce mouvement.
Le livre photo trouve dans ces deux événements un déploiement plus diversifié qu’à Paris Photo, où le secteur édition reste limité, alors qu’il est plus que jamais un terrain de création enthousiasmant. Mais un stand à Paris Photo coûte cher et pour ce secteur à l’économie réduite, la foire est un investissement que nombre d’entre eux ne peuvent se permettre. Une grande part de la création actuelle échappe à Paris Photo. D’où la mise en place par Florence Bourgeois et Christoph Wiesner de la section Films et vidéos d’artiste en partenariat avec MK2 Grand Palais pour coller à la montée en puissance de ce médium chez les photographes. D’où aussi la création d’une plateforme pour la photographie émergente mettant à l’honneur quatre travaux d’étudiants. Une tendance à la mode qui n’est pas pour autant synonyme de renouveau.
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Paris Photo 2017 reflet de la création actuelle
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Abonnez-vous dès 1 €Lise Sarfati, oh man.phg16, 2012, impression pigmentaire, 128 x 161 cm. Courtesy La Galerie Particulière, Paris/ Bruxelles.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°488 du 3 novembre 2017, avec le titre suivant : Paris Photo 2017 reflet de la création actuelle