PARIS
Une scène dynamique et de plus en plus diversifiée attire les fidèles de la grand-messe de la photographie. Sans rival, elle pèche cependant par une faible représentation des pays non occidentaux.
Paris Photo se porte bien. L’édition 2018 affiche la dynamique d’une foire sans rivale et s’avère un véritable catalyseur d’activités foisonnantes pendant une semaine, dans l’enceinte du Grand Palais comme hors les murs. Cet automne, on dénombre 168 galeries tous secteurs confondus et 31 éditeurs ou libraires contre respectivement 160 et 29 l’an dernier. Ce léger accroissement du nombre de galeries est lié à la création du nouveau secteur Curiosa, placé pour sa première édition sous le thème du rapport au corps et à l’érotisme. Après la création, en 2015 du secteur Prismes, réservé aux œuvres sérielles ou de formats exceptionnels, puis le lancement en 2017 du secteur Films en partenariat avec MK2, Curiosa permet aux dirigeants de la foire d’élargir leur offre. « L’idée de ces secteurs additionnels est de compléter le panorama général que l’on a sous la nef. Ces niches annexes amènent une réflexion sur les différentes pratiques », explique Christoph Wiesner, directeur artistique de Paris Photo. « C’est une approche que nous allons poursuivre. »
La foire toutefois n’envisage toujours pas de se développer dans les espaces supérieurs du Grand Palais. La cartographie du parterre des 152 galeries du secteur principal ne subit pas par ailleurs de bouleversements majeurs. Les habitués de la foire retrouveront les galeries à l’emplacement qu’elles occupaient l’an dernier, du moins pour celles qui participent à cette 22e édition. Le renouvellement des galeries, bien que plus important par rapport aux dernières années (46 nouvelles galeries, dont 26 premières participations) se répartit dans les différents secteurs. Parmi les nouveaux venus on relève : 127 Marrakech, Art + Text (Budapest), Braverman (Tel Aviv), CIPA (Beijing), Enrico Astuni (Bologne), Huxley-Parlour (Londres), Ibasho (Anvers), Over the influence (Los Angeles et Hongkong), les deux enseignes new-yorkaises Invisible Exports et JHB, et les galeries parisiennes In Situ-Fabienne Leclerc, Lunn, Miranda et H Gallery.
L’origine de ces enseignes et la répartition sur la foire par nationalité de l’ensemble des galeries de Paris Photo témoignent d’un fort déséquilibre en matière de représentativité de la scène internationale, au détriment des scènes émergentes. La répartition par nationalité le montre : 31 % des enseignes sont françaises (53), 20 % américaines (33), 12 % allemandes (20), 6 % anglaises (11), tandis que 5 % sont asiatiques (8), 3 % moyen-orientales (4), 3 % africaines (4) et 2 % latino-américaines (3).
Si la foire couvre toutes les périodes et quasiment tous les genres excepté la production actuelle des photojournalistes, l’axe Europe-États-Unis prédomine encore très largement, et surtout Paris-New York. L’Amérique centrale ou l’Amérique du Sud et l’Asie restent largement sous-représentées malgré la richesse de ces scènes artistiques. L’Afrique – et en particulier l’Afrique du Sud – ne fait pas exception. Pour autant, on constate un renouvellement régulier : si Jorge Mara-La Ruche (Buenos Aires) était déjà présente l’an dernier, Lume (São Paulo) et Patricia Condé (Mexico) reviennent, mais la très pertinente Rolf Art (Buenos Aires) est absente. Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo le reconnaît : « Nous souhaiterions qu’elles soient plus nombreuses. » Mais les places sont chères. En coût financier avant tout : la location d’un stand (au minimum 25 000 euros) est plus difficile à rentabiliser compte tenu du prix d’une photo, en moyenne bien inférieur à celui d’une pièce à la Foire internationale d’art contemporain (Fiac). Reste aussi qu’au niveau du comité de sélection on ne relève aucun galeriste sud-américain, asiatique ou africain.
Quant aux quatre semaines à peine qui séparent Paris Photo de la Fiac, elles filent à grande vitesse pour les galeries généralistes – y compris parmi les nouveaux participants – de plus en présentes à Paris Photo : 60 % des enseignes contre 40 % pour les galeries spécialisées en photo. On ne relève d’ailleurs que huit galeries présentes aux deux événements : Christophe Gaillard, Gagosian, Karsten Greve, In Situ-Fabienne Leclerc, Lelong, Nathalie Obadia, Pace, Templon et Thomas Zander. Les photographes que l’on peut retrouver chez l’un ou l’autre sont rares. Car la grande affaire de Paris Photo demeure justement de montrer, du moins en partie, que la création photographique jouit d’une variété insoupçonnée, bien loin des critères ou des choix du marché de l’art contemporain.
Un « off » qui prend de l’ampleur
Le geste est assez inédit pour être signalé. Fotofever et Approche intègrent pour la première fois le programme À Paris pendant Paris Photo, auquel personnalités et invités de Paris Photo ont accès sur présentation de leur pass ; la foire AKAA restant en dehors du circuit, bien que la photo y soit particulièrement présente cette année.
Christine Coste
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Paris Photo, l’indétrônable
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°510 du 2 novembre 2018, avec le titre suivant : Paris Photo, l’indétrônable