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Norman Rockwell, le storyteller

Par Gérald Guerlais · L'ŒIL

Le 15 avril 2015 - 340 mots

VERSAILLES

De 1916 à 1960, Norman Rockwell (1894-1978), par la force narrative de ses illustrations réalistes, s’est imposé comme l’illustrateur emblématique des États-Unis en réalisant les couvertures du légendaire Saturday Evening Post.

Il axera ensuite son travail sur les portraits des grandes figures politiques contemporaines jusqu’en 1976. Chroniqueur naturaliste de la vie quotidienne de l’Américain moyen, Rockwell n’a pas représenté l’Amérique comme elle est, mais comme elle aimait se voir. Il lui a tendu un miroir réaliste, subtilement stylisé, avec un soupçon de caricature, sans aucun cynisme, toujours teinté d’un humour très léger, caractéristique d’une société résolument optimiste et volontaire. Rockwell, expert de l’instant parfait, du moment « m », a créé des images où le lecteur peut en un clin d’œil imaginer ce qui vient de se passer avant et ce qui va se passer juste après. Balade immiscée dans l’inconscient collectif, il a préempté tous les sujets populaires qui ponctuent le calendrier annuel : Thanksgiving, Noël et son corollaire cérémoniel, l’espièglerie de l’enfance, le répertoire de Mark Twain, les premiers rendez-vous galants, les héros ordinaires, pour ne citer que quelques marqueurs indéfectibles de l’identité américaine. Jusqu’à participer à l’effort de guerre, en 1943, en réalisant l’affiche Four Freedoms distribuée dans le monde entier. Sur le plan formel, Rockwell est à la fois le digne héritier figuratif de Howard Pyle, le suiveur éclairé de J. C. Leyendecker, l’élève assidu de Vermeer, Chardin, Meissonnier et Gérôme. Son processus fut très académique : esquisse au fusain, au format identique à la toile définitive, puis peinture à l’huile avec essence et, malheureusement, un vernis à retoucher aux conséquences chimiques néfastes à la conservation des peintures originales, valorisant ainsi les reproductions. La photographie, technique d’aide à ses compositions à laquelle recourait volontiers Norman Rockwell dès 1930 pour épargner à ses modèles de longs temps de pause, brisera le monopole de l’illustration. Redécouvrir les images de Norman Rockwell, c’est s’offrir un voyage dans une Amérique magnifiée qui n’est plus, et renouer avec l’art d’observer et même savourer les grands et petits moments de la vie.

Des œuvres de Norman Rockwell sont présentées jusqu’au 24 mai 2015 à la Galerie Anagama, 5, rue du Baillage, Versailles (78).

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°679 du 1 mai 2015, avec le titre suivant : Norman Rockwell, le storyteller

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