Aux fonctions classiques d’administration d’œuvres, s’ajoutent maintenant des services de boutiques en ligne.
Monde. Si le confinement met à mal l’économie globale, il profite néanmoins aux services en ligne, qui tournent à plein régime. « Pour nous, le confinement a des avantages, nos clients ont plus de temps pour référencer les œuvres. Il y a une accélération de la digitalisation, et les services digitaux dans le monde de l’art sortiront renforcés de cette crise », assure Philippe Gellman, directeur de la jeune société belge Arteïa.
Lancée en 2016 par des « collectionneurs et pour des collectionneurs », Arteïa a rejoint la grande famille des services de gestion de collections d’art en ligne qui permettent, moyennant un abonnement payant, un accès à un espace virtuel, où sont administrées les œuvres d’art (mais il peut tout aussi bien s’agir de timbres, d’automobiles ou de bouteilles de vin). Conçues pour les galeristes, les collectionneurs et les artistes, ces solutions numériques permettent de retrouver rapidement et facilement des informations telles que : localisation, fiches techniques, fiches de prêt, prix, certificats d’authenticité, etc.
Si certains gèrent encore leur collection sur des tableaux Excel ou des fichiers FileMaker Pro, et si d’autres ont les moyens de créer leur propre outil à l’instar de la Galerie Perrotin, où dix développeurs travaillent sur ces outils informatiques, la plupart des galeristes et de nombreux collectionneurs utilisent ces plateformes, dont les pionnières sont arrivées sur le marché dans les années 1990. « Depuis quelques années, une grande partie des collectionneurs utilisent ces services, et l’offre est débordante », souligne Magda Danysz, directrice de la galerie du même nom. « Chaque pays a développé ses plateformes, Curator Studio en France, Art Systems aux États-Unis, Artlogic en Angleterre ou Art Butler en Allemagne », ajoute Benoît Moreau, directeur de Curator Studio. Les galeries, elles, sont divisées. Hauser & Wirth ou White Cube utilisent ArtBinder (société new-yorkaise), Marian Goodman ou Almine Rech ont choisi Artlogic, et la Galerie Mitterrand ou Meessen De Clercq optent pour Curator Studio.
Or ces plateformes peuvent s’avérer coûteuses, avec un prix par utilisateur et par mois allant de 9,5 euros pour des services basiques à plus de 200 euros pour des prestations plus poussées. En galerie, il faut donc multiplier ce coût par autant d’employés : « Il s’agit d’un budget important, pouvant s’élever à plusieurs milliers d’euros par an », précise Magda Danysz.
Ces opérateurs ont su se rendre « essentiels en étant très attentifs pour mettre en place les outils dont nous avons besoin au quotidien », estime Jocelyn Wolff, galeriste parisien, adepte d’Art Butler. Outre les prestations de gestion des œuvres, ces sociétés ne cessent d’offrir de nouveaux services : site Internet, facturation, paiement… « À long terme, nous voulons être la colonne informative des galeries », annonce Benoît Moreau dont la société travaille sur un système de paiement qui sera inclus dans l’outil.
Une des tendances apparues avec le confinement est le développement des salles de visionnement (viewing rooms), espaces d’exposition virtuels. C’est le cas de la Galerie Templon qui a développé trois expositions numériques via Arteïa en une dizaine de jours. « Environ quatre-vingts galeries de toutes tailles nous ont contactés concernant l’installation des viewing rooms », explique John Duff, directeur marketing d’Artlogic, qui a notamment conçu celles des galeries Simon Lee ou de Stephen Friedman. L’entreprise britannique propose également, depuis un an, un service de boîte mail, à l’instar d’ArtBinder. Alexandra Chemla, directrice d’ArtBinder note que « pendant la crise, les clients utilisent plus que d’habitude nos services pour communiquer par mail ou par messagerie instantanée ». De son côté, Arteïa s’est associée à la société de courtage d’assurance Eeckman Art & Insurance pour proposer à ses clients l’option de gestion des assurances en quelques clics – une première en la matière.
Qu’en est-il de la sécurité des données ? À cette question, le fondateur de Curator Studio répond qu’« il est moins risqué de sous-traiter la sécurité de ses informations à des professionnels comme nous, plutôt que de le faire seul à partir de son ordinateur personnel connecté à Internet. Nous utilisons un système robuste d’infrastructures onéreuses que ne pourrait s’offrir une galerie ou un particulier, avec des mots de passes cryptés, des sauvegardes chaque nuit dans différents endroits physiques. » D’autres sont plus perplexes : « Il faut être vigilant sur ce que cela signifie pour la pérennité des données. À la galerie, nous évitons d’utiliser une seule entreprise pour tous les services », avertit Magda Danysz. Ainsi Christie’s est-elle poursuivie en justice suite au rachat de la plateforme Collectrium, qui aurait permis à la maison de ventes un accès à un fichier de quelques millions de collectionneurs.
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Les galeries ont de plus en plus recours à des logiciels de gestion de leur stock
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°544 du 24 avril 2020, avec le titre suivant : Les galeries ont de plus en plus recours à des logiciels de gestion de leur stock