Pour les galeries, contraintes de fermer leurs espaces, la période est propice à la réflexion et à l’invention de nouveaux modes de communication.
Paris. Remaniement du calendrier des expositions et mise à jour des archives sont au programme des galeries pendant le confinement. Les logiciels de gestion de collections – type Curator Studio – tournent à plein régime alors que les équipes sont, pour la plupart, réduites au télétravail. « Nous voulons éviter aussi longtemps que possible de mettre nos salariés au chômage partiel, explique Loïc Garrier, directeur de la galerie Ceysson & Bénétière. Évidemment pour nos régisseurs, c’est plus compliqué de travailler à distance ; pour l’instant, ils récupèrent des heures supplémentaires. » S’il n’est pas question de rendez-vous avec des clients, les marchands communiquent activement. L’application gratuite de messagerie instantanée WhatsApp est particulièrement plébiscitée, car elle permet de mener des conversations de groupe. « J’y passe beaucoup de temps à prendre des nouvelles, partager des infos et des mèmes. Je parle avec mes artistes pour voir ce que je peux faire pour eux. Il s’agit de rester solidaire, rapporte Joseph Allen. Mais je ne discute pas de ventes ou de projets avec les collectionneurs ou les commissaires, cela me semble déplacé. » Assigné à domicile, comme de nombreux parents, le galeriste de la rue de Dunkerque consacre aussi pas mal de temps à s’occuper de ses deux enfants. Au final, les journées passent vite.
Les enseignes sont également plus présentes que jamais sur Instagram, où elles diffusent des images d’œuvres, des vues d’expositions, voire pour certaines des portraits vidéo d’artistes. Ou encore des contenus spécifiques du type « Pas un jour sans une œuvre » (voir ill.). Tel est en effet l’intitulé du programme quotidien – une image accompagnée d’un texte – mis en place par Hervé Loevenbruck et son équipe : « Nous ne pouvions vous abandonner trop longtemps sans continuer à partager notre passion pour l’art. » On voit fleurir ce genre de publications sur les réseaux, parfois doublés d’un courrier numérique, comme les « escales » artistiques imaginées par la galerie Maria Lund, proposant un portfolio, une visite virtuelle de l’exposition, un entretien avec l’artiste, plus quelques bonus éditoriaux. Via Internet, les ventes se poursuivent aussi, même si c’est au ralenti. « Malgré tout, nous assurons notre visibilité internationale à travers les plateformes en ligne », veut croire Antoine Ferrand, directeur de la galerie Almine Rech, qui indique que celle-ci « participe notamment à Art Basel Hong Kong online ». Hauser and Wirth annonçait pour sa part dès l’ouverture de cette première édition entièrement numérique « la vente de huit œuvres ». Le concept de viewing rooms virtuelles n’est pas nouveau. David Zwirner l’a mis en place depuis 2017. Très actif sur le Web, le marchand allemand redouble en ce moment son offre de contenus avec l’accès à davantage de podcasts, ainsi qu’à des extraits de ses publications. « Nous sommes répertoriés sur Artsy déjà depuis plus de deux ans, rappelle Antoine Laurent, directeur de la galerie In Situ-Fabienne Leclerc. Plus nos artistes sont visibles, mieux c’est. » Une plateforme collective regroupant des galeries parisiennes serait à l’étude. « Mais cela ne peut être qu’un vecteur », estime le galeriste Thomas Bernard, fidèle à sa devise : « une galerie fait circuler, autant qu’un bien, un lien. » Le marchand établit une comparaison avec le vin : « On peut acheter des bouteilles sur Internet, on ne fera jamais de dégustations en ligne. »
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Les galeries misent sur le numérique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°542 du 27 mars 2020, avec le titre suivant : Les galeries misent sur le numérique