PARIS
Créé en 1991, le Salon du dessin est quasiment devenu une institution, sans équivalent dans ce domaine.
Après plus d’un an d’absence, le Salon du dessin revient au Palais Brongniart du 1er au 4 juillet. L’an passé, à cause de la crise sanitaire et du premier confinement, l’édition de mars 2020 avait dû être annulée quelques jours seulement avant son inauguration.
Conscients que la plupart des marchands étrangers ne pourraient être présents, les organisateurs ont donc pris leurs précautions en doublant cette édition 2021 – qui marque le 30e anniversaire de la création du salon – d’une version numérique. Celle-ci regroupe 36 exposants qui chacun présentent une dizaine de dessins, soit entre 350 et 400 œuvres sur papier en tout.
L’édition « physique » rassemble, quant à elle, une trentaine de marchands essentiellement français, bien que certains étrangers aient maintenu leur participation, comme la galerie suisse Reginart, l’anglaise Waddington Custot ou la belge Lancz Gallery. « Nous n’avons aucun exposant allemand, italien et espagnol ni aucune galerie anglaise de dessins anciens », annonce Louis de Bayser, le président de la manifestation. Les invités, la Fondation d’art contemporain Daniel et Florence Guerlain et les Musées de Marseille, eux, sont présents.
Afin de respecter les mesures sanitaires en vigueur, le vernissage est organisé sur deux jours et une réservation de créneaux horaires est mise en place. En revanche, le « pass sanitaire » ne sera peut-être pas exigé en fonction de la fréquentation – le salon n’accueille pas plus de 2 500 personnes en temps normal le soir du vernissage. Quant au colloque qui devait avoir lieu sur l’art des jardins, il est reporté à l’année prochaine : « Il était impossible de le maintenir, car de nombreux intervenants sont étrangers », a précisé Louis de Bayser. Malgré l’absence de foires depuis plus d’un an et la fermeture des galeries, « la situation n’est pas catastrophique pour le marché – le numérique nous sauvant un peu –, mais l’on sent qu’il est temps de renouer "physiquement" avec le public », confie le président.
Les amoureux des belles feuilles sont donc conviés à venir découvrir ce que les exposants leur ont réservé pour cette 30e édition, à raison de 60 % de dessins modernes et contemporains contre 40 % de dessins anciens.
1_Galerie de Bayser Issue de la collection de Camille de Tournon, pair de France (1778-1833), cette feuille proviendrait de l’inventaire après décès de l’artiste. À son retour en France en 1627, après 15 ans passés en Italie, Simon Vouet travaille au service de Louis XIII et réalise de nombreux portraits au pastel de plusieurs seigneurs de la cour et des officiers de la Maison du roi – le monarque prenant plaisir à le voir travailler. Seuls quelques portraits nous sont parvenus, comme celui de Richelieu au Getty Museum ou de Mazarin au Louvre.
45 000 €
2_Galerie Talabardon & GautierMalade Depuis 1876, François Bonvin (un adepte de la nouvelle école réaliste) reste confiné dans sa maison de Saint-Germain-en-Laye où il dessine, de septembre 1878 à janvier 1880, de petites natures mortes, toujours datées, numérotées et signées. Jouant de la modulation de la lumière sur les objets du quotidien, ces compositions subtiles qu’anime la fumée d’une bougie ou d’une tasse fumante, marquent le « vif instinct du clair-obscur et de la transparence des ombres » de l’artiste, comme le notait son ami, le critique Théophile Thoré, au Salon de 1861.
Autour de 80 000 €
3_Galerie Brame & Lorenceau
Cette œuvre est proche de la série des Wall Drawings de Sol Lewitt. On y perçoit toute son esthétique : les figures géométriques et la recherche autour de la couleur, deux composantes essentielles de son travail. « Il y a une gamme très subtile de couleurs, vibrantes, avec un jeu de transparence très raffiné. C’est tout un travail d’association chromatique et de complémentarité des couleurs, rendant la composition éclatante, lumineuse, mais aussi empreinte de douceur », commente Antoine Lorenceau.
95 000 €
4_Galerie Jeanne Bucher Jaeger
Pour sa première participation au salon, la Galerie Jeanne Bucher Jaeger organise une exposition autour des dessins de sculpteurs, dont cette feuille de Rodin. Auteur de plus de 10 000 dessins, Rodin confie au journaliste René Benjamin en 1910 : « C’est bien simple : mes dessins sont la clé de mon œuvre. » Les nus en particulier. « Rodin n’a guère besoin de regarder le papier sur lequel il dessine, sa main devient une extension de son œil », rapporte Emmanuel Jaeger.
Du 1er au 4 juillet 2021
Vernissage le 30 juin 2021
Palais Brongniart, 28 place de la Bourse, Paris 75002
Site web : www.salondudessin.com
Version online : salondudessin-online.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°744 du 1 juin 2021, avec le titre suivant : Le Salon du dessin fête ses 30 ans