La foire annonce un nombre record de visiteurs pour une édition qui fait une petite place à l’intelligence artificielle.
Paris. Cette fois encore, l’inauguration de Paris Photo a coïncidé avec les résultats des élections américaines. Mais à la différence de 2016 où la victoire de Donald Trump à la présidence des États Unis avait provoqué un choc et affecté les ventes, rien de tel en 2024 où seuls ont prévalu, aux premières heures de l’ouverture de la foire, l’inquiétude face au retour à la Maison Blanche du candidat républicain et un grand calme dans les allées, avant un afflux de visiteurs en milieu d’après-midi. Pour son retour au Grand Palais, Paris Photo a fait du 7 au 10 novembre le plein de visiteurs avec une fréquentation de 80 000 personnes, selon ses organisateurs. La dernière édition en ces lieux avant leur fermeture pour travaux, en 2019, avait accueilli 70 000 visiteurs, et la dernière édition de la foire au Grand Palais éphémère, en 2023, 65 000.
La foire précise « le nombre de collectionneurs et de VIP (7 000, + 19 %) parmi lesquels 40 % d’internationaux et près de 200 institutions », ainsi que des ventes à cinq chiffres. Mais le niveau de satisfaction variait d’une galerie à l’autre et le niveau de prix moyen d’une photographie demeure dans le millier d’euros plutôt que dans la dizaine de milliers. Car les pièces à plus de 100 000 euros sont rares à Paris Photo, et celles à plus de un million d’euros se limitent souvent à une seule pièce, à l’instar cette année du spectaculaire mur des 619 portraits de « Peoples from the 20th Century » d’August Sander (1876-1964) qui a fait le buzz sans que l’on sache si l’ensemble de ces tirages modernes des années 1990 avait ou non trouvé preneur à 2,5 millions d’euros. Le galeriste Julian Sander, arrière-petit-fils du photographe, est resté mutique sur le sujet.
Les raretés, inédits et grands classiques couvrant l’histoire de la photographie jusqu’à nos jours, ont été foisonnantes cette année. Si le marché de la photographie est à la peine depuis quelque temps, les galeristes référencés pour leurs tirages exceptionnels du début du XXe siècle ou de l’entre-deux-guerres ont ainsi très bien vendu. La rareté, la traçabilité et l’historique d’un vintage demeure la valeur sûre, même si Paris Photo tend de plus en plus vers la scène contemporaine.
Le nouveau secteur « Voices », confié à trois commissaires, a été particulièrement enthousiasmant pour ses focus sur les scènes latino-américaine des années 1960-1980 ou d’anciens pays du bloc de l’Est de la même période, à l’image de la Lituanie. L’intérêt marqué par les institutions a été d’ailleurs source de satisfaction pour les galeries sélectionnées dont la plupart participaient pour la première fois à Paris Photo. Centrée sur l’activisme artistique et politique, passant pour les femmes par leur corps, cette section faisait écho aux nus enjeux de revendications, nombreux cette année dans le secteur principal de la foire.
L’agrandissement de la surface d’exposition tant au rez-de-chaussée qu’à l’étage a donné quant à lui aux différents secteurs une meilleure lisibilité et visibilité, et une circulation plus fluide. Les galeries du secteur « Digital », qui ne porte pas bien son nom compte tenu de la place du numérique dans la photographie contemporaine, se montraient satisfaites de l’édition. Tender, galerie new-yorkaise spécialisée dans l’art génératif, qui exposait Jack Butcher et Tyler Hobbs, deux artistes très populaires de ce mouvement lié au développement de l’intelligence artificielle, avait tout vendu à ses clients habituels. Elle relevait l’intérêt de visiteurs qui auparavant ne se seraient pas arrêtés sur leur stand, mais sont désormais curieux de ce monde créatif et futuriste, qui produit des œuvres spécialement pour la foire et ne s’incarne donc qu’une fois par an sur papier.
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Paris Photo au mieux de sa forme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : Paris Photo au mieux de sa forme