PARIS
Le rayonnement de la Fiac se traduit aussi par la vitalité croissante des foires et des manifestations qui se déroulent dans son sillage.
Les « festivités » autour de la Fiac commencent plus tôt désormais, avec, dès le vendredi 11 octobre, le vernissage de Paris Avant Première, parcours de jeunes galeries qui promeuvent des artistes émergents. Le Off ne cessant de s’étoffer, chacun des satellites de la Fiac met l’accent non seulement sur sa sélection d’exposants, mais également sur la richesse de sa programmation. Il faut créer l’animation à travers des débats, des conférences, des visites commentées, etc.
De ce point de vue, Asia Now (9 avenue Hoche, 75008 Paris, de 11 heures à 20 heures) est particulièrement créative. La foire dédiée à la scène artistique contemporaine d’Asie fête ses cinq ans, avec une plateforme explorant les pratiques numériques dans l’art (conçue par un conservateur adjoint au Musée Guggenheim de New York, Xiaorui Zhu-Nowell), un programme de projections du Taiwan International Video Art (TIVA), un espace de conversation, enfin une série de performances activées tout au long de la foire. Le stand de la galerie Magda Danysz ouvrira ainsi avec une action painting spectaculaire du jeune artiste chinois Chen Yingijie. En tout, ce sont cinquante galeries qui présenteront plus de 250 artistes, reconnus et émergents, originaires de Chine, d’Asie du Sud-Est, d’Asie Centrale, de Corée et du Japon.
Bienvenue Art Fair (18 rue de l’Hôtel de ville, 75004 Paris, de 11 heures à 19 heures) qui revient, quant à elle, en deuxième saison, a confié sa plateforme curatoriale à Yann Chevalier, le directeur du Confort Moderne. Il lui reste à trouver son public d’acheteurs avec un format de poche (seulement vingt-cinq exposants) et une volonté de renouveler le modèle de la foire.
Art Élysées (Avenue des Champs-Élysées, 75008 Paris, de 11 heures à 20 heures) aligne quatre pavillons, trois expositions, une centaine de galeries et affiche sa volonté de s’ouvrir davantage à la scène contemporaine, envisagée jusqu’ici principalement à travers le prisme d’un street art parfois tape-à-l’œil. On se dirigera vers le stand de la galerie Véronique Smagghe qui met en valeur les petits formats de sensibilité minimaliste d’artistes qu’elle présente régulièrement. Parmi les piliers de la foire, la galerie Bert montre sans surprise un ensemble d’œuvres abstraites de l’après-guerre dont une Jeune femme au cabas de Maurice Estève (1942) proposée « pour la première fois sur le marché ». Sur le pavillon dédié au design, l’Atelier Jespers se distingue toujours par l’originalité et la qualité de sa proposition, cette fois-ci avec des tapis contemporains de Nada Debs en exclusivité, mais aussi d’étonnants « Bronze Paintings » de Pierre Bonnefille.
Également dans le voisinage immédiat de la Fiac, Private Choice, éphémère aménagement d’intérieur mêlant art et design, a su s’imposer comme un rendez-vous et double cette année sa surface d’exposition.
L’Outsider Art Fair (Atelier Richelieu, 60 rue Richelieu, 75002 Paris, de 11 heures à 20 heures), désormais rodée, ne change ni de formule ni d’adresse, mais accueille parmi ces quarante-deux exposants onze galeries nouvelles venues. Artiste japonais issu du manga et inédit en France – Imiri Sakabashira sur le stand d’Atsuko –, galerie russe ANO Outsiderville, présentant des pièces d’une importante collection privée, et autres curiosités sont au programme de cette foire également très bien implantée à New York, où elle a été créée.
Du côté des nouveautés, le Carreau du Temple, libéré par la migration de la YIA Art Fair vers le Rivoli Building, abrite Galeristes (4 rue Eugène-Spuller, 75003 Paris, de 12 heures à 20 heures). Avec un parti pris hexagonal, à l’exception d’un galeriste belge et de deux enseignes suisses, la manifestation se cale, cette année, sur le calendrier de la Fiac et accueille dix-huit nouveaux participants. Parmi eux, Yvon Lambert, dont la présence symbolique prend place dans une section intitulée Anthologie de l’art français, où il met en avant le travail de Nathalie Du Pasquier. Cette section met en exergue seize solo shows d’artistes, de Gilles Aillaud (galerie Loevenbruck) à Pierre Tal Coat (galerie Christophe Gaillard) en passant par Pierrette Bloch (galerie Véronique Smagghe), François Morellet (galerie Jean Brolly) ou Tania Mouraud (galerie Claire Gastaud). Soit un survol de la scène française entre les années 1950 et 1980, à travers une exposition dont les cimaises ceintureront l’espace principal. Ce florilège permet également à Galeristes de monter en puissance ; si lors des trois éditions précédentes, les prix allaient de 50 000 à 100 000 euros, ils pourront cette fois-ci, portés par certaines de ces figures historiques, s’envoler jusqu’à 500 000 euros.
Pour une approche plus prospective, on ira flâner du côté de Paris Internationale (16 rue Alfred-de-Vigny, 75008 Paris, de 12 heures à 19 heures) qui semble avoir trouvé son format idéal : une quarantaine de galeries logées en appartement, auxquelles s’ajoutent neuf structures non commerciales et une librairie. Avec une quinzaine de nouveaux participants, la foire se caractérise par une relative homogénéité générationnelle, puisque la plupart des artistes qui y sont présentés sont nés dans les années 1980. Même si, paradoxalement, « ils expriment pour certains une nostalgie fantasmée de cette décennie », relève le co-directeur Clément Délépine. Typique de cette époque révolue, le décor de cuisine à damiers noir et blanc que la galerie berlinoise BQ investit cette année encore au troisième étage, avec un solo show de l’artiste Bojan Sarcevic dont on n’a pas vu le travail à Paris depuis son exposition au Crédac, en 2007.
À noter aussi cette année un fort contingent de galeries asiatiques, dont quatre du Japon. Fondateur de XYZ Collective (Tokyo), l’artiste Soshiro Matsubara est également présent sur le stand de la galerie Croy Nielsen, où ses sculptures dialoguent avec les œuvres de la jeune Américaine Georgia Gardner Gray, vues en 2018 sur la section Statements d’Art Basel. La scène internationale converge bien, l’espace d’une semaine, vers Paris.
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Le Off prend de l’étoffe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : Le Off prend de l’étoffe