Foire & Salon

FIAC OFF

Les foires « off » au 7e ciel

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2018 - 675 mots

PARIS

Les foires satellites de la Fiac ont presque toutes bénéficié d’un climat positif lors de la semaine de l’art contemporain parisien.

Le stand de la galerie AB à Art Elysées 2018
Le stand de la galerie AB à Art Elysées 2018
© photo Ludosane pour LeJournaldesArts.fr

Paris. Art Élysées s’est bâtie sur sa proximité avec la Fiac, dont elle mime l’envergure – au risque du remplissage – tout en jouant la carte d’une plus grande accessibilité, avec entre autres un pavillon « art urbain ». Difficile cependant d’échapper à l’effet queue de comète. Après un vernissage calme, le public a afflué les jours suivants. « Beaucoup de visiteurs regardent, convient Dominique Bert, de la galerie Bert, c’est la première étape avant de se décider à franchir le pas. » Le marchand, qui avait vendu le premier jour un beau André Lanskoy, compte depuis douze ans parmi les fidèles de cette foire où il réalise « environ le quart de (s)on chiffre d’affaires annuel ».

Née sous une bonne étoile ? Pour sa première édition, Bienvenue semble avoir trouvé sa place, celle d’une foire de taille réduite offrant une bannière collective à une sélection cohérente de marchands (une vingtaine, essentiellement français). Bernard Jordan, avec un solo show de Nina Childress [voir illustration ci-dessus], qui lui a valu le prix du meilleur stand décerné par le sponsor Inocap, s’estime satisfait des contacts générés, même s’il n’a vendu la première semaine que « des petites pièces entre 2 000 et 10 000 euros ». Pas de pluie de dollars donc, mais « une atmosphère détendue et un bilan positif », de l’avis de Bernard Utudjian, de la galerie Polaris.

Bon alignement de planètes également pour Paris Internationale, revenue à la voilure réduite de ses débuts (en 2014) avec une quarantaine d’enseignes de 21 pays différents, et qui a connu cette année sa « plus belle édition », selon son co-directeur Clément Delépine, tout en confirmant son statut de foire ultra-branchée, soutenue par Gucci. Pour sa première participation, la galerie polonaise Wschód, a réalisé des ventes « sur des petits montants, entre 1 600 et 10 000 euros ». Mais « sur d’autres stands, des pièces plus chères ont intégré des collections muséales », assure Clément Delépine. Guillaume Sultana se félicitait pour sa part du plébiscite autour des installations de Jesse Darling : « Les gens sont à l’affût de choses ambitieuses. »

« Le public est cultivé », affirmait non loin de là, sur Asia Now, la galeriste Maria Lund, qui a vendu plusieurs œuvres au charbon sur papier de Lee Jin Woo – aux alentours de 4 000 euros. L’ambiance de raffinement dans laquelle baigne la foire axée sur l’art asiatique pourrait être lénifiante, cependant elle n’empêche pas les trouvailles : comme celle du peintre Joji Nakamura sur le stand de la galerie The Container (Tokyo). La toile grand format réalisée par ce « Basquiat japonais » lors d’une performance le soir du vernissage a trouvé immédiatement une acheteuse pour 9 000 euros. L’ensemble des enseignes ont fait de bonnes affaires – entre 1 600 et 65 000 euros. Record établi à 165 000 euros pour une peinture de l’artiste coréen Kim Tschang Yeul défendu par The Columns Gallery.

Dans la galaxie des foires spécialisées, sous la verrière lumineuse de l’atelier Richelieu, l’Outsider Art Fair a visiblement fidélisé un public d’amateurs. Au rez-de-chaussée, les valeurs sûres : de l’univers de la créatrice tchèque Anna Zemankova (1908-1986) chez Carven Morris (New York), qui mettait également en avant des artistes afro-américains cotés (tels Bill Traylor et Frank Jones) à la découverte récente, mais sensationnelle de l’autodidacte Jean-Daniel Allanche dont l’œuvre, exhumée après sa mort en 2015, « a intégré de grandes collections, comme celles de l’American Folk Art Museum de New York », précise le galeriste Hervé Perdriolle. Sans oublier l’incontournable Henry Darger (sur le stand du fondateur d’OAF, Andrew Edwin). À l’étage, des propositions plus inégales pour une vision élargie aux artistes en marge du marché.

En revanche, la morosité était palpable cette année sur Paris Contemporary Art Show by YIA. « Les mauvaises galeries attirent les mauvais clients », se désolait un participant. « On est une galerie pop up ; notre présence sur les foires, où nous donnons rendez-vous à nos collectionneurs, est nécessaire », se consolait Bernard Vidal, venu avec un bel ensemble du peintre allemand Pius Fox.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°510 du 2 novembre 2018, avec le titre suivant : Les foires « off » au 7e ciel

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