Près de 100 galeries parisiennes, dont des nouvelles pour un quart d’entre elles, ouvrent tout le week-end du 24 au 26 mai, offrant des animations particulières et des accrochages renouvelés.
Paris. Alors que Berlin fêtait le 20e anniversaire de son « Gallery Weekend » fin avril, Paris s’apprête à célébrer ses 10 ans les 24, 25 et 26 mai prochains. D’année en année, la manifestation organisée par le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) prend de l’assurance : pour cette édition, une centaine de galeries ont accepté de payer une cotisation de 1 000 euros. Le principe reste le même, comme dans toutes les capitales qui ont monté leur propre événement : inciter le public et les collectionneurs à aller d’une galerie à l’autre en leur promettant de nouvelles expositions et des animations. Une façon de constituer une alternative aux foires qui pèsent de plus en plus lourd dans le chiffre d’affaires des galeries, en moyenne 30 % selon Clare McAndrew dans le rapport annuel du marché de l’art mondial Art Basel/UBS.
Un des atouts de la manifestation parisienne est justement de comporter un nombre important de participants et donc une densité élevée par quartier, recréant d’une certaine façon la déambulation dans les allées d’une foire. Et comme pour les foires, les galeries participantes seront ouvertes aussi le dimanche. Des sept parcours proposés (disponibles sur Internet et sur un plan imprimé), le meilleur rapport galeries/distance parcourue est celui qui, dans le Marais, passe par la rue Chapon et permet de visiter dix galeries rapprochées. C’est dans ce parcours que l’on pourra découvrir les photographies de Laurent Montaron chez Anne-Sarah Bénichou, les étranges peintures de Drew Dodge chez Semiose ou les clichés de l’autodidacte Marcel Bascoulard chez Christophe Gaillard.
Une des promesses du Gallery Weekend sont ses animations. Ainsi Perrotin organise des visites guidées dans ses différents espaces : Julian Charrière à l’impasse Saint-Claude, Hernan Bas rue de Turenne. De nombreux marchands font coïncider la manifestation avec le vernissage de leur nouvelle exposition. C’est le cas d’Olivier Waltman qui organise dans sa galerie du Marais une exposition originale sur la scène contemporaine slovaque en présence des artistes, ou de la galerie allemande Zander qui expose des néons de Dan Flavin (rue Jacob). D’autres artistes exposés seront présents tout ou partie du week-end, prêts à dialoguer avec les visiteurs (Raphaël Zarka à la Galerie Mitterrand). Plusieurs marchands jouent la carte de la convivialité en offrant un brunch (la galerie Faidherbe rue Jean-Macé, Galerie Poggi rue Saint-Martin) ou un goûter (H Gallery, rue Chapon), quand d’autres misent sur des nourritures plus spirituelles. Jérôme Poggi va lui-même mettre la main à la pâte en animant une conférence fort à propos intitulée « Une petite histoire des vernissages ».
Pour l’occasion, les organisateurs ont lancé une nouvelle initiative, empruntée aux musées et aux Frac (Fonds régionaux d’art contemporain) : inviter une personnalité à concevoir une exposition en galerie. Plus pertinentes que les parcours « coup de cœur », d’un intérêt limité, ces expositions curatoriales transforment un simple accrochage en propos. Claudine Papillon a ainsi fait appel à l’ancienne directrice de la Fondation d’entreprise Ricard, Colette Barbier, pour bâtir un parcours, disons, « gastronomique ». La galerie Berthet-Aittouarès a demandé à l’écrivaine Marie-Hélène Lafon (prix Renaudot 2020), non pas de concevoir une exposition mais de présenter le sculpteur Daniel Pontoreau qui montre une vingtaine de sculptures abstraites et brutalistes.
Marion Papillon, présidente du CPGA, est à l’origine du Paris Gallery Weekend qu’elle a cédé gracieusement au Comité. Elle attend de la manifestation qu’elle attire le public le plus large possible et lui fasse apprécier le « tour des galeries », découvrir la création du moment ou les redécouvertes. Tout cela gratuitement, à l’inverse des grandes foires où les tickets d’entrée sont de plus en plus chers. Mais comme pour les foires, à la fin du week-end, le succès de la manifestation repose d’abord sur les ventes. L’enjeu pour les organisateurs est donc bien de faire venir les collectionneurs. Une bonne partie du budget de l’opération est consacrée à l’organisation d’un déjeuner « VIP » qui, cette année, se tiendra la veille de l’événement, le jeudi soir, à la Manufacture de Sèvres.
Reste une question, pourquoi seulement un tiers des galeries adhérentes au CPGA participent-elles à la manifestation ? Marion Papillon balaye l’interrogation, invoquant la situation économique difficile de nombreuses galeries depuis l’automne dernier. Certains dont les galeries sont situées sur les parcours seraient tentés de profiter du flux du public sans payer leur écot. D’autres comme la galerie Hervé Courtaigne indiquent que le Paris Gallery Weekend rapporte peu. Les professionnels de l’événementiel le savent bien : c’est sur la durée qu’une manifestation peut s’installer dans le calendrier des collectionneurs, en profitant de chaque édition pour capitaliser sur les années passées et en apportant des nouveautés pour surprendre le public. Une recette que devrait relire le Carré Rive Gauche qui organise les « 5 jours de l’objet extraordinaire » quelques jours après le Paris Gallery Weekend.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le Paris Gallery Weekend fête ses 10 ans
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Le Paris Gallery Weekend fête ses 10 ans