Galerie

Emmanuel Perrotin va céder le contrôle de sa galerie à un investisseur

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 13 juin 2023 - 450 mots

PARIS

Le fonds d’investissement Colony IM va acquérir 60 % de la galerie, témoignant de la financiarisation du marché de l’art.

Emmanuel Perrotin et Nadra Moussalem, directeur général de Colony IM © Jean Picon, 2023
Emmanuel Perrotin et Nadra Moussalem, directeur général de Colony IM.
© Jean Picon, 2023

Emmanuel Perrotin l’avait lui-même annoncé en décembre dernier au Figaro, il cherchait un investisseur pour sa galerie : « Nous sommes dans une période de fort développement et de consolidation. Pour ce faire, je dois mobiliser des moyens conséquents que seule l’entrée d’un investisseur dans mon capital permettrait pour rester dans la compétition ». C’est chose faite depuis quelques jours avec l’annonce de discussions exclusives avec Colony IM, la filiale européenne du fonds d’investissement américain.

Si l’accord est conclu, ce qui interviendrait au second semestre de cette année, Colony IM deviendrait majoritaire avec 60 % des parts, Emmanuel Perrotin conservant 40 %. Le communiqué de presse commun insiste sur l’engagement du fondateur de la galerie. Ce n’est pas qu’une clause de style. A l’inverse du groupe hôtelier Accor ou de Carrefour dans lequel Colony avait pris des parts, la valeur et donc l’actif d’une galerie repose beaucoup sur le galeriste, son entregent, sa capacité à conserver ses artistes et son réseau de collectionneurs.

Si les grandes maisons de vente sont depuis longtemps possédées par des investisseurs (François Pinault chez Christie’s, Patrick Drahi chez Sotheby’s), c’est la première fois qu’une importante galerie annonce l’arrivée d’un investisseur majoritaire. C’est un signe de plus de la financiarisation du marché de l’art contemporain. Les sommes en jeu se chiffrent maintenant en millions de dollars dans un marché très liquide (il est facilement possible de revendre une œuvre référencée), de sorte que les galeries doivent grandir toujours plus. 

A l’inverse des maisons de ventes qui communiquent beaucoup de chiffres, les galeries sont très taiseuses sur leurs ventes. Selon la presse américaine, la galerie Gagosian, leader du marché, a un chiffre d’affaires (CA) de l’ordre d’un milliard de dollars. Selon des chiffres qui circulent mais sont invérifiables, le CA de la galerie Perrotin serait de 140 millions d’euros. Il lui faut donc grossir, multiplier les implantations internationales et la présence dans les foires pour rester dans le peloton de tête.

Pour autant Colony n’a aucun intérêt particulier dans l’art, c’est un investisseur qui a vocation à faire grandir les entreprises qu’il acquiert, augmenter leur rentabilité et… les revendre dans quelques années comme Colony l’a fait avec Accor. Larry Gagosian a annoncé de son côté qu’il cherchait lui aussi un partenaire. La presse a beaucoup glosé quand Delphine Arnault, la fille du patron de LVMH est entrée au comité des sages de la galerie, chargée de réfléchir à son avenir, alimentant les rumeurs de rachat par Bernard Arnault.

Cette annonce intervient au moment où s’ouvre la foire de Bâle. De quoi alimenter les discussions dans les stands et lors des dîners VIP.
 

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