PARIS
Les amoureux des belles lettres n’ont pas manqué le rendez-vous consacré aux livres anciens, aux autographes et aux manuscrits. De nombreuses transactions y ont été réalisées.
Paris. Installé sans la section des objets d’art et n’occupant que la partie gauche du Grand Palais éphémère, le Salon du livre rare et des arts graphiques a refermé ses portes le 25 septembre au soir, avec 9 000 visiteurs après trois jours bien remplis. « Il y a eu un dynamisme que je n’avais pas senti l’an passé. Les visiteurs étaient curieux, ils regardaient vraiment les livres et les étrangers étaient de retour », a constaté Jean-Marc Dechaud, le président du Syndicat de la librairie ancienne et moderne (SLAM) – organisateur du Salon.
Sachant que la manifestation est l’une des plus importantes au monde en ce domaine, les quelque cent cinquante exposants (dont un tiers d’étrangers) avaient sorti leurs plus belles pièces, avec des ouvrages dépassant la barre du million d’euros. C’était le cas notamment sur le stand du libraire londonien Daniel Crouch qui exposait, sous vitrine, l’Astronomicum Caesareum de Petrus Apianus (Ingolstadt, 1540), qualifié de « contribution la plus spectaculaire de l’art du libraire à la science du XVIe siècle » et affiché au prix de 1,7 million d’euros. Sur le stand Les Enluminures (Paris), le manuscrit enluminé, Le Roman de la rose de Guillaume de Lorris et Jean de Meun (Tournai, vers 1390), annoncé à 1,1 million d’euros, et l’un des trois psautiers de François Dinteville, évêque d’Auxerre (au même prix) – les deux autres étant à la Bibliothèque nationale de France et à la British Library – étaient exposés en pièces phares. « J’ai vu des clients que je n’avais pas vus depuis vingt-cinq ans ! », a tenu à préciser Sandra Hindman, la fondatrice de la galerie.
Dès le soir du vernissage, plusieurs ventes ont été conclues. La librairie Walden (Orléans) – qui occupait le plus grand stand de cette édition – a réalisé des ventes jusqu’à 40 000 euros. Parmi elles, deux exemplaires d’Une saison en enfer, d’Arthur Rimbaud. Elle exposait également un exemplaire du Rivage des Syrtes, de Julien Gracq, offert à sa sœur Suzanne Poirier (75 000 €) ainsi qu’un exemplaire unique sur papier Japon de Chronique des temps héroïques, de Max Jacob et Pablo Picasso – avec un dessin original du peintre (150 000 €).
Henri Vignes (Paris) exposait la bibliothèque de Georges Bataille, acquise récemment. « Cet achat, c’était le rêve de ma vie », s’est exclamé le libraire, qui a signalé avoir beaucoup vendu de livres provenant de cette bibliothèque (jusqu’à 50 000 €). Constituée d’ouvrages dédicacés de Tristan Tzara, Claude Lévi-Strauss, André Breton, Max Ernst, etc., les 1 283 livres ont été répertoriés dans un catalogue, en collaboration avec la librairie du Sandre (Paris). Le marchand mettait aussi en vente un exemplaire des Fleurs du mal, de Charles Baudelaire, 2e édition, augmentée de trente-cinq poèmes nouveaux (100 000 €).
Chez Bertrand Meaudre (librairie Lardanchet, Paris), une édition originale de La Chute, d’Albert Camus, comportant une dédicace à René Charles, a été vendue 22 000 euros, tandis qu’était exposé un dossier de travail de 378 pages constitué par André Breton en vue de l’édition de L’Art magique, « une pièce muséale ! », s’exclamait le libraire (90 000 €). Enfin, sur le stand Le Manuscrit Français, le visiteur pouvait découvrir une lettre autographe signée par Arthur Rimbaud (décidément, le poète fascine toujours autant) à sa famille (Aden, 10 septembre 1885) et qui restait à acquérir au prix de 185 000 euros.
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Le dynamisme retrouvé du Salon du livre rare
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : Le dynamisme retrouvé du Salon du livre rare