Le dessin de Léonard de Vinci découvert par Tajan sera mis aux enchères en juin prochain

Le 11 décembre 2016, la maison de ventes Tajan dévoilait le Martyre de Saint Sébastien, un dessin à la plume et encre brune de Léonard de Vinci, comportant en son verso deux schémas scientifiques de la main du maître. C’est Thaddée Prate, directeur du département des tableaux anciens de la maison, qui en a fait la découverte dans un carton à dessins apporté en mars 2016 par un client qui en ignorait totalement l’importance. Après avoir consulté l’expert en dessins anciens Patrick de Bayser puis Carmen C. Bambach, conservatrice au département des dessins et estampes au Metropolitan Museum de New York, l’œuvre avait été dûment authentifiée.

Tajan avait alors fièrement annoncé sa mise en vente en juin 2017, assortie d’une estimation de 15 millions d’euros. Mais quelques jours plus tard - le 23 décembre - par un arrêté du ministère de la Culture, l’Etat faisait savoir qu’il refusait de délivrer le certificat d’exportation du dessin demandé par la maison de ventes, le classant d’office Trésor national. A compter de cette date, il disposait de 30 mois - jusqu’en juillet 2019 - pour prendre position et décider si oui ou non, il souhaitait se porter acquéreur de l’œuvre. Aussi, sur les conseils des experts, le vendeur avait renoncé à la vente publique, choisissant d’attendre que le Louvre se décide s’orientant ainsi vers une vente de gré à gré. 

La date fatidique approchant, Tajan s’est entretenu avec les instances dirigeantes du Louvre afin de connaître ses intentions puisqu’à ce jour, il n’a fait aucune proposition. « L’institution nous a alors fait comprendre qu’elle n’avait pas l’intention de s’en porter acquéreur. Sans doute, puisqu’il est très difficile de définir la valeur exacte de ce dessin, le musée préfère ne pas faire d’offre qui pourrait s’avérer ne pas être réaliste », explique Thaddée Prate. En conséquence, Tajan a donc décidé de mettre cette feuille aux enchères le 19 juin prochain, sachant que le jour de la vente, le Louvre pourra toujours user de son droit de préemption. 

« Cette vente est une aubaine formidable pour le marché de l'art français et la place de Paris », reconnaît un connaisseur, car à l’issue des 30 mois, le vendeur ou son mandataire peut redemander formellement le certificat d’exportation qui ne peut pas être refusé une seconde fois, ce qui signifie que la maison de ventes ne sera pas privée des acheteurs internationaux. 

L’estimation, « reste la même qu’il y a deux ans, soit autour de 15 millions d’euros, contrairement à ce qui a été rapporté dans la presse. Rodica Seward (Présidente de Tajan) a simplement dit qu’après la vente du Salvator Mundi (adjugé 450 M$ il y a un an chez Christie’s), ce dessin pourrait peut-être valoir, d’après elle, 30 à 60 millions », a précisé le directeur de département. « Toutefois rien ne nous empêche, au moment de la vente, de faire varier sensiblement cette estimation de 15 millions ».

Ce dessin de Léonard de Vinci, qui n’est contesté par personne et qui se trouve dans un très bel état de conservation pourrait créer la surprise. La vente du Salvator Mundi a ouvert des horizons de prix inattendus ; Christie’s au départ avait estimé le tableau 100 millions de dollars. La vente prochaine du dessin devrait susciter un intérêt mondial, tout en permettant de définir sa valeur.