PARIS
La foire profite de l’agrandissement de ses espaces pour restructurer et réactiver ses différents secteurs.
Paris. Pour son retour au Grand Palais, Paris Photo entend marquer les esprits comme en 2011. À l’entrée de la foire, les 619 tirages de « People of the Twentieth Century » d’August Sander sont exposés pour la première fois en Europe par la galerie Julian Sander (Cologne). Les pièces exceptionnelles par leur rareté et/ ou leurs formats, réunies autrefois dans le secteur « Prisme », à l’étage du Grand Palais, sont désormais disséminées au rez-de-chaussée dans le secteur principal où se concentrent les deux tiers des galeries. La réactivation de ce secteur, absent du Grand Palais Éphémère par manque de place, est l’une des trois grandes évolutions spatiales de Paris Photo qui célèbre, cette année, le centenaire de Robert Frank avec les galeries Pace (Londres) et Thomas Zander (Cologne) ainsi que le centième anniversaire du Surréalisme. Mouvement au cœur des propositions des galeries Bruce Silverstein (New York), Edwynn Houk (New York) et les galeries parisiennes Sophie Scheidecker, Les Douches, Gilles Peyroulet & Cie et de trois nouveaux participants : Cob (Londres), Raster (Varsovie) et Photo Discovery/ Bruno Tartarin (Paris).
La création du secteur « Voices », confiée à trois commissaires invités, met en lumière des scènes photographiques d’une région particulière du monde ou un usage spécifique de l’image à travers une poignée de galeries sélectionnées. Inaugurent ce nouveau secteur le focus de Sonia Voss sur les créations photographiques dans l’ex-bloc des pays de l’Est et les ex-républiques baltes de l’URSS et ceux d’Azu Nwagbogu sur la réinterprétation des archives et d’Elena Navarro sur l’Amérique latine. Avec pour ce dernier notamment un solo show de Miguel Ángel Rojas (La Cometa, Bogota) et un autre de Claudia Andujar (Vermelho, São Paulo). Cette année, la scène photographique d’Amérique latine est particulièrement bien représentée avec l’arrivée au comité de sélection d’Alexis Fabry, expert de la photo sud-américaine et fondateur de Tocula (Paris) aux côtés de Florencia Giordana, directrice de la galerie Rolf Art de Buenos Aires.
Le développement du secteur Émergence (ex-secteur Curiosa) marque pour sa part la place grandissante donnée au contemporain au sein de la foire. Consacré aux diverses techniques et pratiques du médium, ce secteur, placé à nouveau sous le commissariat d’Anna Planas, présente 23 solos shows contre 16 auparavant dont celui d’Édouard Taufenbach & Bastien Pourtout (Almanaque, Mexico), Alice Pallot (Hangar, Bruxelles) et d’Ester Vonplon (galerie S., Paris), Caroline Corbasson (Dilecta, Paris), Hélène Amouzou (Carole Kvasnevski, Paris), Lucile Boiron (Hors-Cadre, Paris) et Letizia Le Fur (Julie Caredda, Paris), tous représentés par des jeunes galeries participant pour la première fois à la foire.
Le secteur Digital, créé l’an dernier et à la direction artistique assurée par Nina Roehrs, regroupe également un plus grand nombre de galeries et de plateformes, représentant des artistes intégrant, dans leurs projets, les technologies numériques les plus en pointe comme l’intelligence artificielle, tels Alkan Avcıoglu (Tender, New York), Gretchen Andrew (L’Avant Galerie Vossen, Paris) ou Holly Herndon & Mat Dryhurst (Louise Alexander / Fellowship, Porto Cervo) ou encore Thibault Brunet chez Binome, galerie que l’on retrouve dans le secteur principal avec d’autres artistes renouvelant les pratiques du médium ou de la narration. Les propositions des galeries françaises (30 % des exposants) sont particulièrement éloquentes sur le sujet que ce soit chez Bacqueville avec David de Beyter, Thomas Delvaux et Bérangère Fromont, ou Mishka Henner et Raphaël Dallaporta chez Jean-Kenta Gauthier ou Smith chez Christophe Gaillard et Constance Nouvel et Patrick Tosani chez In Situ - Fabienne Leclerc. La mise en dialogue Tyler Mitchell (né en 1995) – Avedon (1923-2004) chez Gagosian met en avant, quant à elle, les dernières créations du jeune artiste américain de 29 ans, premier photographe noir à signer une couverture de Vogue en 2018, artiste avant-gardiste, et portant un autre narratif sur les personnes noires.
Côté exposition non marchande, celle consacrée à la collection photo de la Fnac ou celle dédiée à la scène photographique lituanienne, réalisée à partir des collections de la Bibliothèque nationale de France et du Centre Pompidou, rappellent que la force et la qualité d’une image traversent le temps. Enfin côté parcours, Jim Jarmusch, invité d’honneur de la foire, est l’occasion de créer son propre film à partir d’images, en particulier de femmes, qu’il a sélectionnées.
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La nouvelle géographie de Paris Photo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°642 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : La nouvelle géographie de Paris Photo