Réparti aujourd’hui sur une dizaine de sites, le Parcours « Hors les murs » prend cette année une tonalité sonore en donnant accès, à la Maison de la radio, aux archives d’émissions réalisées avec des artistes.
Véritable marronnier d’octobre, la même question se pose chaque année : que va nous proposer d’inédit le parcours « Hors les murs » de la Fiac ? Lancé en 2006 avec une éclosion de sculptures dans le jardin des Tuileries pour établir un trait d’union entre le Grand Palais et la Cour carrée du Louvre – où la manifestation fait alors camper sous une tente les jeunes galeries qu’elle n’a pu loger sous la prestigieuse grande nef –, le parcours s’est en effet beaucoup étoffé. Le dossier de presse n’y va pas par quatre chemins qui proclame : « Le déploiement sans précédent du parcours Hors les murs, élément constitutif de l’identité de la Fiac, confirme l’axe des sites historiques au cœur de Paris le long de la Seine. » Au fil du temps et de l’eau, il a ainsi colonisé le Jardin des plantes-Muséum national d’histoire naturelle (depuis 2011), les berges de la Seine (2013), l’École nationale supérieure des beaux-arts (Ensba, 2014).
Cette année, la grande nouveauté est son entrée en fanfare à la Maison de la radio. La Fiac veut de la sorte orchestrer une suite au parcours sonore démarré l’an dernier sur les berges de Seine avec la présentation dans la « maison ronde » d’une sélection des ACR (Atelier de création radiophonique), soit des émissions réalisées par des artistes, produites par France-Culture (certaines avec le Centre national des arts plastiques) et devenues archives de l’INA. Elles sont diffusées dans des modules d’écoute conçus par des étudiants de l’École Boulle. L’occasion d’entendre, par exemple, Lawrence Weiner, Dominique Gonzalez-Foerster et Christophe Van Huffel dans le grand hall, Érik Samakh dans la nef, Frans Krajcberg ou Claude Closky dans la galerie Seine. « Nous voulons consolider les programmes liés aux œuvres immatérielles, en marge du marché de l’art », précise Blanche de Lestrange, responsable de la programmation et du développement culturel. Un curieux vœu pieux pour ce temple du commerce qu’est la foire. C’est en tout cas sous ce registre qu’il faut inscrire les performances « Ouvertures/Openings », lancées en 2008 à l’Auditorium du Louvre. Elles comportent cette année un focus sur la danse, avec une invitée d’honneur : Yvonne Rainer, et de plus jeunes chorégraphes qui interviennent directement dans les collections du musée. D’autres performances auront lieu dans différents lieux, notamment au Musée de la chasse et de la nature, ou même directement à l’intérieur du Grand Palais.
Un nouveau programme, intitulé « En scène », consacré à six jeunes artistes et mis sur pied avec l’Ensba, est présenté à la Cité de la mode et du design dans le cadre d’Officielle où est montrée la jeune création. Signalons aussi les films (une trentaine) projetés tous les jours (de 13 heures à 18 heures, en accès libre) au Cinéphémère, un conteneur situé au jardin des Tuileries.
Un lustre à papilles dans le bassin rond des Tuileries
Mais les nouveautés, au-delà du nombre croissant de lieux agrégés chaque année et du marathon qu’ils induisent, se trouvent d’abord sur les sites mêmes qui ont fondé le « Hors les murs ». À commencer par le jardin des Tuileries dont la dixième édition du parcours de sculptures accueille cette année dix-huit artistes. Depuis le médiatique Ai Weiwei, dont on peut voir son Circle of Animals/Zodiac Heads (2010), présenté pour la première fois en France et installé dans le grand bassin octogonal côté Concorde, jusqu’à un jeune artiste, Vivien Roubaud (né en 1986), dont le lustre à papilles en rotation est montré à l’autre bout dans le bassin rond, côté Louvre. Entre les deux sont installées les œuvres de David Altmejd, d’Antony Gormley, de Jonathan Monk, des frères Bouroullec…
Vingt autres projets, parmi lesquels ceux de Kader Attia, Gilles Barbier ou Haegue Yang, sont répartis au Jardin des plantes et au Muséum national d’histoire naturelle. Sans oublier la place Vendôme, célèbre depuis le « plug anal » (Inflatable Sculpture, Tree) de Paul McCarthy vandalisé l’an dernier, qui accueille là deux nouveaux pavillons de Dan Graham. Mais aussi le Petit Palais, le Musée Delacroix…
Pour ceux qui n’en auraient pas assez, la Fiac propose aussi « Musées en Seine », en associant les grandes institutions culturelles situées près du fleuve via, selon l’expression même de la foire, « une rivière des musées, un “museum waterway” » que l’on pourra parcourir en batobus. E la nave va… Peut-être ad nauseam.
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La Fiac « Hors les murs », d’une berge à l’autre
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Abonnez-vous dès 1 €Vivien Roubaud, Gonflable, contrepoids, transmission scooter électrique, lustres à pampilles, collecteur tournant, chaîne de moto, vingt-quatre volts, 2015, diam. : 3m. Courtesy Galerie in situ Fabienne Leclerc, Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°443 du 16 octobre 2015, avec le titre suivant : La Fiac « Hors les murs », d’une berge à l’autre