Commercialement très actif, le salon gagnerait à pimenter sa programmation avec davantage d’audace. Tandis que pour sa première édition, le concept d’(Off)icielle semble à revoir.
PARIS - Avec la multiplicité et le prestige de l’offre culturelle dont elle a fait montre lors de la 41e édition de la Foire internationale d’art contemporain (Fiac), qui s’est tenue du 23 au 26 octobre, Paris s’est offert une très belle semaine qui ne manquera certainement pas de fidéliser une audience étrangère nombreuse et conquise, venue de toute l’Europe, mais aussi un peu des États-Unis et du Moyen-Orient.
Le commerce sur le salon qui, de l’avis général, s’est montré très satisfaisant, s’en est ressenti. Démarrées très fort le jour du vernissage, les affaires se sont poursuivies tout au long de la semaine. Surtout, des collectionneurs au très bon pedigree, manifestement plus nombreux qu’auparavant, ont parcouru les travées sans hésiter à y faire leurs emplettes, ce qui faisait dire à Frédérique Valentin, codirectrice de la galerie Valentin (Paris) : « Nous avons le sentiment que la Fiac est passée à un autre stade et est définitivement devenue un endroit où les gens se rendent désormais avec la même psychologie qu’à Bâle. Il y a une tension relativement nouvelle sur le salon, avec parfois un très grand nombre de personnes sur le stand et nous touchons des collectionneurs importants que l’on ne voyait pas auparavant. » À quoi Jocelyn Wolff (Paris) rajoutait que « la Fiac n’est pas seulement un événement mondain mais aussi commercial, où l’on croise des gens qui recherchent des œuvres. »
Seul bémol dans ce concert : une offre qui, quoique de belle qualité, s’est montrée assez peu pétillante, avec dans l’ensemble des stands sages et sans grandes prises de risques ni propositions audacieuses. De l’audace et des parti pris, ce sont toujours un peu les mêmes qui en ont fait preuve, tels Gavin Brown’s Enterprise (New York) et son stand décoiffant dédié à Spencer Sweeney, Franco Noero (Turin) et son solo show de Kirsten Pieroth, ou David Kordansky ornant son stand avec seulement trois grands tableaux de Jon Pestoni. Nicolai Wallner (Copenhague) n’a pas non plus démérité présentant en tout et pour tout un beau pavillon de Dan Graham, ni Gagosian (New York, Paris) avec un stand très réussi où Richard Chamberlain était mis en conversation avec Raymond Hains ou Frank Stella, ou encore In Situ-Fabienne Leclerc (Paris) avec en particulier une belle installation d’Otobong Nkanga. L’offre des plus jeunes enseignes regroupées à l’étage du Grand Palais s’est quant à elle montrée très inégale, avec beaucoup de choses sans âme, des formes sans vraiment de fond, voire des stands évitables ou embarrassants comme ceux de Real Fine Arts (New York), Karma International (Zürich), Kraupa-Tuskany Zeidler (Berlin) ou On Stellar Rays (New York), qui n’avaient d’argument à offrir que celui de leur supposée « branchitude ».
(Off)icielle, un salon « off » en manque d’ancrage
Mais la grande nouveauté aura été le lancement d’(Off)icielle aux Docks-Cité de la mode et du design, manifestation parallèle dédiée à l’émergence qui n’a pas particulièrement brillé et dont le concept est manifestement à revoir. Les affaires toutefois y ont été convenables, voire très satisfaisantes pour un bon nombre d’enseignes, même si tous les visiteurs de la Fiac n’ont pas fait le déplacement, loin s’en faut. « Nous avons vu passer de bons collectionneurs étrangers le premier jour, mais ensuite ce fut surtout franco-belge et beaucoup d’étrangers importants ne sont pas venus », relatait un participant. Côté ambiance, les espaces bas de plafond avec des petits stands en enfilade se sont montrés étouffants. S’agissant d’émergence, peut-être serait-il bienvenu de réfléchir à un format plus ouvert ? Cela aurait en outre certainement pour effet de dynamiser des accrochages qui, dans leur immense majorité, ont été bien trop sages et policés. Mais en la matière on ne peut pas vraiment en vouloir aux marchands qui devaient sécuriser des ventes. À seulement 50 euros de moins le mètre carré qu’à l’étage du Grand Palais, et un coût de 12 000 euros pour une surface de 20 mètres carrés, cette foire est beaucoup trop onéreuse pour les galeries auxquelles elle entend s’adresser et devrait leur coûter moitié moins. La sélection devrait également y être plus rigoureuse, un bon quart des exposants n’y ayant pas vraiment leur place, soit à cause d’une qualité bien trop faible soit car, à l’instar de The Breeder (Athènes), Meessen De Clercq (Bruxelles) ou Laurent Godin (Paris), ils étaient d’un niveau bien plus élevé que l’ensemble. À raison, un exposant déclarait que « cette foire a un problème de positionnement et pour qu’elle soit véritablement dynamique, émergente et pertinente, le Secteur Lafayette et quelques bonnes galeries jeunes du Grand Palais devraient être là. »
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Une Fiac dynamique, mais pas extravagante
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°422 du 31 octobre 2014, avec le titre suivant : Une Fiac dynamique, mais pas extravagante