MOSCOU - Depuis trois ans, la Moscow World Fine Art Fair semblait naviguer à vue. La difficulté de pénétrer rapidement le marché russe et les frais de transport élevés ont découragé les antiquaires.
Des vétérans parisiens du début restent en lice Steinitz, Schmit et Ratton-Ladrière, rejoints depuis trois ans par Bob Vallois et son escarcelle d’artistes russes. Pour rester à flot, le salon a ouvert les vannes à des marchands de seconde zone, générant ainsi une disparité dérangeante de niveau. Plus homogène, cette cinquième édition assume les deux tropismes qui caractérisent l’événement depuis deux ans : une russification croissante – les exposants locaux représentant 30 % du contingent – et un penchant marqué pour l’art contemporain.
Aussi les galeries d’art actuel comme les Moscovites Aidan, M&J Guelman, XL et Triumph ou encore la Parisienne Orel Art n’hésitent-elles pas à jouer sur les deux tableaux en participant à la fois à la foire d’art contemporain Art Moscow (14-18 mai) et au salon des antiquaires. « La Moscow World Fine Art Fair attire une clientèle de connaisseurs dans le domaine de l’art ancien, mais désireux d’en savoir plus sur l’art contemporain », indique Ruth Addison, de la galerie Triumph. Celle-ci compte présenter deux nouveaux projets d’AES F, notamment des caissons lumineux mêlant l’imagerie de la mort à celle des magazines de mode. Si les enseignes d’art contemporain se pressent aux portillons d’une manifestation pourtant fort coûteuse en regard du prix de leurs œuvres, si de bonnes galeries plus modernes comme Proun (Moscou) marquent leur entrée, c’est que cet événement est, aux yeux des Russes, glamour. Et le glamour triomphant est la nouvelle idéologie de la société moscovite…
Les exposants occidentaux restent eux plus circonspects. Pour la première fois, Cazeau-Béraudière (Paris) a laissé passer son tour. Sa participation à la Foire de Bâle (lire p. 16), qui ouvre le lendemain de la fin du salon de Moscou, explique partiellement cette dérobade. « Pendant quatre ans, on a déployé beaucoup d’efforts et d’argent, confie Jacques de la Béraudière. On a certes vendu quelques tableaux au-dessus du million de dollars, mais jamais en direct. Je ne vois pas quel est mon intérêt à vendre un beau Renoir avec un intermédiaire dont le seul souci est de faire baisser mes prix. » Un point de vue que ne partage pas le Minotaure (Paris), qui est parvenu à se faire entre trois et six nouveaux clients par édition. « Les Russes sont beaucoup plus à l’aise qu’au début, observe Benoît Sapiro, directeur de la galerie. Le profil de mes acheteurs est discret, cultivé. Ce ne sont pas des oligarques, mais la classe sociale juste en dessous, des gens qui peuvent assez facilement acheter [à des prix situés] entre 50 000 et 150 000 euros. » Pour les séduire, celui-ci accrochera un autoportrait de 1910 de Wladimir Baranoff-Rossiné et une œuvre sur papier (Village et violoniste, 1924) de Chagall. Manuel Schmit, qui prévoit un paysage de Cézanne, monte depuis trois ans des ensembles d’art impressionniste pour deux collectionneurs russes. « Ce n’est pas un pays de cocagne, mais il faut explorer ce marché, insiste pour sa part Pierre Dumonteil (Paris). Les collectionneurs ont une vraie curiosité et pas de tabous dans leurs achats. » Des achats toutefois majoritairement concentrés dans les salles des ventes.
27 mai-2 juin, Manège, 1, place Manezhnaya, Moscou, tlj 14h-18h, www.moscow-faf.com
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Glamour moscovite
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°282 du 23 mai 2008, avec le titre suivant : Glamour moscovite