NEW YORK / ETATS-UNIS
Un an après la vente d’une de ses toiles, le collectif français Obvious met aux enchères chez Sotheby’s deux nouvelles œuvres.
Le collectif Obvious rééditera-t-il l’exploit de 2018 ? Une de leurs toiles, Le Portrait d’Edmond de Belamy, avait été vendue aux enchères chez Christie’s en 2018 pour 432 500 dollars (390 000 euros), soit soixante fois l’estimation initiale.
Il faut dire que ce sont des œuvres particulières, elles ont été produites par Intelligence artificielle (IA), et le portrait en question a été la première œuvre IA à avoir été soumise au feu des enchères.
Le 15 novembre prochain, seront mises aux enchères, cette fois chez Sotheby’s, deux nouvelles toiles : La Baronne de Belamy, issue de la même série que Le Portrait d’Edmond de Belamy, ainsi que Katsuwaka of the Dawn Lagon inspiré par l’art de l’estampe japonaise. Les fourchettes d’estimation sont nettement plus faibles que pour la vente de 2018 : entre 20 000 et 30 000 dollars pour le premier, et de 8 000 à 12 000 pour le second. « On n’attend pas un score aussi grand que l’an dernier », précise Pierre Feutrel, l’un des trois fondateurs d’Obvious, « juste de voir si des gens sont prêts à acheter autour de ce prix-là, si le marché va continuer de se construire », a-t-il déclaré à l’AFP.
Obvious a été créé par trois français, le premier, mathématicien de formation, les deux autres issus d’école de commerce. Souvent qualifié de startup, ses membres revendiquent néanmoins leur statut d’artiste.
Leur projet consiste à utiliser des machines qui ont appris, grâce à des GANs, (generative adversarial networks, ou réseaux antagonistes génératifs), à analyser et synthétiser plus de 15 000 portraits produits depuis le Moyen Âge. Les résultats sont ensuite traités par un second logiciel pour s'assurer qu'ils puissent être assimilés à une production humaine.
D’après les auteurs, l’algorithme ne produit pas un mélange d’œuvres déjà existantes, mais bien une création originale. Ils ont produit une série de onze portraits représentant une famille bourgeoise fictive des XIIIe et XIVe siècles, les Belamy (en hommage à Ian Goodfellow, l’inventeur des GANs, dont le nom se traduit comme Bel ami).
Pour Steven Sacks, propriétaire de la galerie bitforms à New York et interrogé par AFP, le collectif français donne l’impression que l’intelligence artificielle peut créer une œuvre sans assistance humaine avec pour seul objectif d’imiter l’art des humains. Il reproche également à la vente du Belamy l’an dernier de relever d’un coup marketing plutôt que d’une démarche artistique.
Les membres d’Obvious assurent cependant qu’ils ne cherchent pas à imiter mais à explorer l’aspect « décalé » et « un peu délirant » des œuvres. L’IA serait un outil et pas une fin en soi. Pierre Feutrel avait par ailleurs comparé les critiques de son travail à celles portées autrefois sur la photographie, selon lesquelles elle détruirait les artistes et ne seraient réservées qu’à un cercle de techniciens très qualifiés. Il maintient que son outil pourrait être accessible au plus grand nombre et que beaucoup d’artistes seraient susceptibles de s’en emparer.
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Des tableaux réalisés par intelligence artificielle à nouveau aux enchères
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