PROFIL - Emmanuel Macron a donc fait le choix d’une personnalité issue de la société civile pour la Rue de Valois. Françoise Nyssen a fait toute sa carrière dans une maison d’édition qu’elle a formidablement fait grandir ; elle connaît bien le livre, mais aussi la photographie avec les Rencontres d’Arles, dont elle est un des piliers. Les trois ministres de la Culture précédentes, toutes des femmes, avaient un profil plutôt politique et de haut fonctionnaire, comme d’ailleurs beaucoup à ce poste. Ce n’est pas leur faire injure que de dire qu’elles vont laisser une moins grande marque dans l’histoire de ce ministère qu’André Malraux et Jack Lang, tout comme Frédéric Mitterrand qui, de son côté, cochait la case saltimbanque. Peut-on en tirer des conclusions sur le profil idéal ? On serait bien en peine de le faire, tant la réussite au ministère de la Culture relève d’une alchimie complexe. La longévité (au moins cinq ans), la proximité avec le président de la République, des moyens supplémentaires, des projets qui marquent les esprits, la capacité à les imposer aux autres administrations (on pense à Bercy), le verbe haut et une santé de fer pour participer – souvent en soirée – aux innombrables manifestations... voilà quelques-uns des critères de réussite. À cela il faut ajouter les circonstances, c’est-à-dire le contexte politique, social ou économique sur lequel la ministre n’a pas de prises. Et puis, il faut aussi beaucoup de chance. Complexité supplémentaire, l’appréciation du grand public – à travers le filtre des médias pas toujours bienveillants – n’épouse pas forcément celle des professionnels.
Dans l’essoreuse de la Rue de Valois, une personnalité politique sera naturellement plus à l’aise pour faire tourner son administration et verrouiller sa communication, tandis que celle issue de la société civile, qui plus est chef d’entreprise, sera plus ancrée dans une approche pratique et efficace. Le premier déplacement de la patronne d’Actes Sud a été à la Villette, sous « le signe de l’éducation artistique et culturelle ». Le lendemain, elle est repartie à Arles faire son marché, comme le raconte La Provence, photo à l’appui la montrant tout sourire devant un étal de fraises. L’entretien, qu’elle a accordé dans la foulée à notre confrère, est empreint de naturel et de simplicité. On a qu’une seule fois l’occasion de faire une première bonne impression, selon l’adage bien connu. La réputation, les premiers pas de Françoise Nyssen font bonne impression. Mais en politique, la couleur première s’étiole au pâle éclat du quotidien.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le casting du ministre de la Culture
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°480 du 26 mai 2017, avec le titre suivant : Le casting du ministre de la Culture