Les conseillers de Frédéric Mitterrand prennent le large

Plus significatif encore, il ne restait plus que sept membres de l’ancienne équipe. Rares sont ceux à s’être recasés dans le privé, à l’instar de l’ancienne directrice du cabinet Élodie Perthuisot qui a rejoint la Fnac (filiale du groupe PPR) en avril. Elle avait succédé à Pierre Hanotaux, parti diriger l’Audiovisuel extérieur de la France. Très peu d’entre eux aussi ont voulu poursuivre une carrière dans les cabinets ministériels, aléatoire avec le changement de majorité présidentielle. Seul Olivier Henrard avait claqué la porte du cabinet de Frédéric Mitterrand en décembre 2009 pour entrer à l’Élysée quelques mois plus tard. Il avait accompagné le candidat-président dans sa campagne et va sans doute réintégrer le Conseil d’État dont il est issu.

Plusieurs ont rejoint la haute administration culturelle, tels Ann-José Arlot ou François Hurard. Très révélateur du poids grandissant des opérateurs publics, la majorité des conseillers y ont trouvé un point de chute, à des niveaux différents de responsabilité plus ou moins compatibles avec leur parcours et compétences. Si le transfert en mars 2010 de l’ancienne directrice générale du Musée des arts décoratifs, Sophie Durrleman, de son poste de conseiller en charge des musées à la direction administrative de la Bibliothèque nationale de France, ou celui de la conservatrice Anne-Solène Rolland au secrétariat général de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration semblent naturels, la brusque promotion de Mathieu Gallet (33 ans) en mai 2010 à la direction de l’Institut national de l’audiovisuel en avait surpris plus d’un.

Interrogations
Deux autres nominations suscitent de nombreuses interrogations dans le milieu muséal. Celle de Frédéric Sallet (âgé de 40 ans et ayant essentiellement un parcours de chef de cabinet) en tant qu’administrateur général du Musée Guimet (il succède à Marie-Claude Vitoux, avec laquelle Olivier de Bernon ne souhaitait plus travailler), et plus encore celle d’Hilaire Multon (41 ans) à la direction du Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Cet universitaire, spécialiste de l’histoire du catholicisme au XIXe siècle, a dirigé pendant trois ans le centre culturel français à Turin avant de rejoindre le cabinet du ministre. Ni archéologue, ni conservateur du patrimoine, ni historien de l’art non plus qu’administrateur de musée, il va diriger un site historique de premier plan. Interrogée, l’Association générale des conservateurs des collections publiques de France se dit « très choquée ».

Comme on le voit, le ministre sait être généreux à l’égard de ceux qui l’ont accompagné plus ou moins longuement dans son aventure ministérielle. Grand prince, il a offert à son conseiller spécial (Jean-Pierre Biron, 70 ans), la présidence de la commission spécialisée de terminologie et de néologie au ministère de la Culture. Plus candide ou exigeant, Mark Alizart, le conseiller en charge des arts plastiques, attend toujours un point de chute.