PARIS [03.02.12] - Pour commémorer les vingt ans de la chute de l’URSS, intervenue officiellement le 8 décembre 1991, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) – Musée d’Histoire contemporaine analyse l’effondrement du système soviétique, depuis ses prémices, avec la « perestroïka », jusqu’aux lendemains du putsch et la prise de pouvoir par Boris Eltsine.PAR DAPHNÉ BÉTARD
Plus de 200 documents, affiches, vidéos, photographies, journaux officiels et tracts retracent cet épisode majeur de l’histoire du XXe siècle qui commence avec l’arrivée au pouvoir, en 1985, d’un nouveau secrétaire général du parti : un certain Mikhaïl Gorbatchev. Des réformes économiques à l’ouverture de l’espace public, la glasnost (ou transparence) fait souffler un vent de liberté sur une société tout entière secouée par la corruption, la catastrophe de Tchernobyl ou le tremblement de terre en Arménie. Pour raconter cette histoire, la scénographie a été pensée comme un échiquier géant évoquant le bras de fer qui se joue entre le régime en place et la société, avec la volonté de croiser les regards, en mettant face à face les documents officiels et la presse informelle, héritière des titres clandestins des années 1960-1970. La population s’empare des médias ; films et photographies immortalisent les grands moments de la démocratisation à l’instar des premières élections relativement libres organisées au nouveau Parlement au printemps 1989 où le pouvoir est ouvertement critiqué. Le propos s’appuie sur les nombreuses archives de la BDIC, qui possède un vaste ensemble de périodiques russes et soviétiques, enrichis par les prêts du Musée d’histoire politique de Saint-Pétersbourg, de la Bibliothèque publique historique de Moscou et de l’association Memorial d’histoire et d’éducations, pour la défense des droits de l’homme (créée en 1987 sous l’impulsion d’Andreï Sakharov).
Parmi les documents audiovisuels singuliers figure cette vidéo amateur de Gorbatchev, réalisée par ses proches en août 1991, alors qu’il est séquestré dans sa datcha de Foros (Crimée). Qu’elles soient l’œuvre de commandes officielles ou d’auteurs indépendants, les affiches résument à elles seules les bouleversements que connaissent l’ensemble des populations des républiques soviétiques. Les titres de presse témoignent de la fin de certains tabous à l’instar des unes du magazine hebdomadaire Ogoniok, qui n’hésitent pas à titrer sur le sida ou les catastrophes écologiques, tandis que de nouveaux périodiques indépendants voient le jour à l’échelle de l’immense territoire que couvre (pour plus très longtemps) l’URSS. Affiches et documents témoignent en effet des revendications de l’Ukraine, des pays Baltes ou de l’Arménie… L’indépendance d’une partie des républiques fédérées puis l’élection de Boris Eltsine en juin 1991 signent la fin de partie pour l’URSS.
Commissaires : Carole Ajam, conservateur à la BDIC en charge du secteur russe, Annette Melot-Henry, docteur en études slaves, spécialiste de la photographie soviétique, et Jean-Robert Raviot, professeur de civilisation russe contemporaine à l’Université de Paris-Ouest – Nanterre.
Scénographie : Au fond à gauche, collectif de graphistes/plasticiens
Jusqu’au 26 février, Musée d’Histoire contemporaine – Hôtel national des Invalides, Galerie Valenciennes, 75007 Paris, tél. 01 44 42 38 39, tlj, 10h-17h, sauf premier lundi du mois
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L’URSS mise en échec
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Abonnez-vous dès 1 €Couverture d’Ogoniok (La petite flamme) n°51, décembre 1989, « Adieu censure ? », collection BDIC.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : L’URSS mise en échec