Bien moins célébré que la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’Empire soviétique, officialisé le 8 décembre 1991, est pourtant l’un des événements majeurs de l’histoire internationale.
Regroupés dans quatre petites salles, deux cents affiches, photographies, vidéos, lettres et journaux évoquent la Perestroïka, ces six années de libéralisation économique, politique et sociale (1985-1991) qui précèdent le démantèlement de la Russie et la chute de Mikhaïl Gorbatchev.
Si l’on connaît ces événements de notre point de vue d’Occidentaux, l’exposition entend cette fois illustrer ces années de trouble telles qu’elles ont été vécues par les habitants de l’URSS. Dédiée aux premières années de la Perestroïka, la première salle reflète le discours officiel du pouvoir en place. Voulues par le Parti pour relancer le pays en perte de vitesse, les réformes s’appuient sur de grandes campagnes d’affichage qui prônent la modernisation du pays, et mettent en garde contre les méfaits de la bureaucratie et de la corruption. Figé dans une esthétique traditionnelle, Gorbatchev se montre néanmoins souriant et ouvert. S’il paraît tolérer ce vent de liberté venu de l’Ouest qui va jusqu’à dévêtir les jeunes femmes dans les concours de Miss, il ne semble pas se douter des révoltes qui vont voir le jour, précipitées par la Glasnost (« transparence »), la politique de liberté d’expression voulue par Gorbatchev.
Dès la deuxième salle, le ton change. Aux affiches et photographies officielles se substituent des affiches plus libres, qui montrent enfin les guerres, le sida, les catastrophes écologiques, à commencer par celle de Tchernobyl. « Vérité sur l’écologie pour tous !» mentionne une affiche de deux artistes indépendants datée de 1989, qui représente un micro coloré de ciel bleu sur fond noir. La presse, de plus en plus alternative, montre les grèves et les manifestations qui remuent tout le pays et se font l’écho de revendications nationales et de l’indépendance des trois États baltes en 1990. De plus en plus médiatisées, les critiques contre le pouvoir central ouvrent la voie à une véritable révolution.
Dans la dernière salle, consacrée au putsch de 1991, on assiste à l’un des derniers discours de Gorbatchev, filmé par un amateur, alors qu’il est enfermé dans sa datcha de Foros. Cinq jours plus tard, Boris Eltsine prenait le pouvoir. Fin de l’URSS.
Musée d’histoire contemporaine BDIC, Hôtel national des Invalides, galerie Valenciennes, 129, rue de Grenelle, Paris-7e, tél. 01 44 42 38 39.
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La Perestroïka vue de l’intérieur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : La Perestroïka vue de l’intérieur