Les imaginaires foisonnants de Julien Creuzet

Les deux commissaires du projet, Céline Kopp, directrice du centre d’art, et Cindy Sissokho ont alors décidé de faire de cet événement un prélude au projet pour le Pavillon français. On n’y trouve donc aucune nouvelle production, mais un état des lieux du travail polymorphe de l’artiste qui se déploie sur 2000 m2. Ses œuvres, infusées de nombreuses références, convoquent des figures tutélaires ou mythologiques, des spiritualités ou croyances afro-caribéennes, pour porter une réflexion poétique et politique sur l’héritage du colonialisme, et les réalités sociales à l’échelle mondiale. Elles contiennent de nombreux « secrets » parfois impossibles à décoder, destinés à favoriser les interprétations et offrir un imaginaire ouvert. Julien Creuzet, qui aime « penser les choses ensemble et dans l’espace », a décidé de ne pas faire cavalier seul, et de proposer une exposition chorale. Ainsi, dans la Grande Galerie, les œuvres de cinq autres artistes viennent créer de savoureux échos – plastiques, poétiques ou politiques – avec son travail vidéo. On y croise The Big One World de Bruno Peinado (né en 1970), un bibendum Michelin noir qui lève le poing tel un Black Panther, des vitraux inspirés par des motifs de tissus wax façonnés par Chloé Quenum (née en 1983) ou encore deux toiles représentant des figures féminines que Christina Kimeze (née en 1986) a réalisées avec du pastel écrasé sur daim. Dans la rue Intérieure, sous la verrière Eiffel du centre d’art historique, se déploie un fascinant paysage de sculptures hybrides qui témoignent des dernières évolutions du travail de l’artiste et dialoguent avec des vidéos récentes. Enfin, attaché à la transmission, Julien Creuzet a souhaité inviter trois anciens étudiants de son atelier à l’École des beaux-arts de Paris. Leurs travaux sont présentés ensemble dans une petite salle à l’entrée du Magasin. Cette véritable plongée au cœur de l’univers de Julien Creuzet ne fait qu’accroître notre impatience de découvrir ce qu’il nous réserve pour le Pavillon français à Venise.