Les dessous de la Joconde « nue »

Bien moins prude que son pendant du Louvre, la petite sœur au sourire aguicheur qui se dévoile dans le plus simple appareil excite en effet de longue date l’imaginaire des chercheurs. L’attribution de ce grand carton, acheté comme une œuvre autographe, n’en finit pas de diviser les experts. À l’occasion du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, le château rouvre ce dossier ; un cold case en réalité impossible à résoudre, tant l’œuvre a été altérée et retravaillée depuis le Cinquecento. La grande campagne d’investigation historique et scientifique n’a donc permis de ne livrer que des conclusions a minima et à prendre au conditionnel. Le carton ne serait pas une copie, mais un prototype qui a certainement été réalisé dans l’atelier de Léonard, voire par le maître lui-même… bref, rien de vraiment nouveau sous le soleil de Toscane ! Si le tapage organisé autour de cette révélation – qui n’en est pas vraiment une – est très excessif, il ne faut pas pour autant bouder l’exposition consacrée au mystérieux carton. Elle va en effet largement outre cette énigme insoluble et explore une dimension bien plus intéressante : la fortune critique de cette composition, la diffusion du modèle chez les disciples de Léonard, sa puissante influence sur les artistes du XVIe siècle. C’est bien la réunion de toutes ces « jocondes » qui constitue un réel événement.