Avec cette exposition peuplée d’œuvres issues de l’institution parisienne, le Centre Pompidou Málaga célèbre un immense artiste espagnol, dont l’humilité le disputa à l’inventivité.
Mais il ne fut pas bon d’être humble au pays des fauves et des faunes : l’œuvre de Julio González (1876-1942) souffrit longtemps d’une discrétion dommageable à sa redécouverte, largement tributaire des travaux de Brigitte Léal, commissaire de cette manifestation ibérique. Du sculpteur installé à Paris avec le siècle, rien ne manque : aux premiers masques en cuivre repoussé des années 1910 succèdent les reliefs en fer découpés qui, accompagnés de dessins, montrent chez ce soudeur des ateliers de Boulogne-Billancourt la porosité entre la deuxième et la troisième dimension ( Petite Maternité découpée, 1929). Usinant le métal, González sait par cœur la volupté et la malléabilité du fer forgé, au point de créer des sculptures dans le vide comme autant de dessins dans l’espace et d’être sollicité par Picasso en 1928 pour qu’il l’aide à concevoir son Monument à Apollinaire . Zoomorphes ou anthropomorphes, ses sculptures trahissent un souci de la synthèse et de l’élision que n’eussent pas renié Alberto Giacometti, Germaine Richier ou François Morellet. Courbes, herses, griffes et pointes : le monde selon González devient un répertoire de formes élémentaires et hybrides, métamorphiques. Avec une question, infinie : qu’est-ce qui fait sens et qu’est-ce qui fait signe ? Qu’est-ce qui, au bout du bout, permet de dire la forme pleine, plénière ? Le vide, peut-être. L’absence, sans doute.
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Julio González, passages à vide
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Julio González, passages à vide