Le Musée Maillol célèbre l’« art métallique » de Julio González à travers des œuvres prêtées par l’IVAM.
PARIS - Le sculpteur Julio González (1876-1942) « dessine dans l’espace » au Musée Maillol ! Après avoir présenté les gouaches colorées de Serge Poliakoff (lire le JdA n° 199, 24 septembre 2004), l’institution met en lumière les œuvres de l’artiste espagnol issues de la collection de l’Institut Valenciá d’Art Modern (IVAM). Riche de plus d’une centaine de pièces, l’exposition dévoile les trésors du plus important fonds consacré à González (360 pièces), auxquels viennent s’ajouter une vingtaine de prêts provenant pour l’essentiel du Centre Pompidou. Cette sélection de sculptures, dessins, peintures et bijoux entend « offrir une vision globale et représentative des divers aspects de l’œuvre » du sculpteur « et souligner sa maîtrise de la forge du fer », explique dans le catalogue le commissaire Josep Salvador, conservateur à l’IVAM. Annoncée comme la première exposition monographique consacrée au sculpteur dans un musée parisien, cette manifestation est l’occasion de découvrir le parcours artistique de cet acteur majeur de la sculpture moderne en métal, depuis ses objets décoratifs réalisés pour la forge familiale à Barcelone jusqu’aux sculptures épurées des quinze dernières années de sa vie, sans doute les plus créatives.
« Dessin dans l’espace »
Né dans une famille d’artistes également artisans, Julio González apprend très tôt à maîtriser le métal et ses techniques, donnant l’impression, comme s’en étonnera son ami Pablo Picasso plus tard, de « couper dans du beurre ». Désirant devenir artiste, González prend des cours aux Beaux-Arts et fréquente les jeunes avant-gardistes du café Els Quatre Gats avec son frère Joan. Il s’installe à Paris en 1900 où il découvre la technique de la soudure oxyacéthylénique en travaillant dans les usines Renault. Sans cesse rongé par le doute et anéanti par la mort de son frère, le sculpteur s’isole et s’essaie à différents styles dans des reliefs et des masques en métal repoussé. Dessins comme sculptures de ces années de tâtonnement trahissent un manque total de confiance en son art, véritable frein à son évolution, dont témoigne l’expression de son autoportrait de 1920.
Il faut attendre 1929, peu de temps après sa collaboration avec Picasso, pour que González se décide à libérer sa puissance créatrice. Le sculpteur devient alors un « plasticien du vide » : il crée la forme par l’absence de matière. Aussi, il ramène la ligne à l’essentiel. Appelée par González « dessin dans l’espace », cette théorie régira l’ensemble des œuvres suivantes, tel Grand personnage debout. Ces dernières tiennent une grande place dans le parcours de l’exposition, profitant du charme des lieux et d’une mise en scène harmonieuse, même si l’on peut regretter de ne pouvoir les apprécier sous tous les angles. Leurs surfaces trahissent la main du sculpteur qui a soudé, forgé, plié, coupé et martelé tandis que la lumière, parfaitement contrôlée, s’insinue dans les incisions du métal soumis, comme dans Tête aiguë/Masque aigu. Les formes, bien que toujours en référence au réel – Gonzalez a toujours été très critique concernant l’abstraction –, s’éloignent souvent de tout mimétisme, telle Main couchée ou Le Rêve/Le Baiser. Enfin, l’exposition n’oublie pas de présenter dessins et sculptures réalisés à Paris par l’artiste en réaction à la guerre civile espagnole, qu’il s’agisse de Madame Cactus (1939-1940) ou de la série de la Montserrat (images symboliques illustrant le thème du peuple en lutte) tour à tour effrayée, horrifiée et criante.
Jusqu’au 21 février 2005, Fondation Dina Vierny-Musée Maillol, 59-61, rue de Grenelle 75007 Paris, tél. 01 42 22 59 58, www.museemaillol.com, tlj sauf mardi 11h-18h, cat. Hazan, 159 p., 35 euros, ISBN 2-85025-973-X .
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sur les pas de González
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°204 du 3 décembre 2004, avec le titre suivant : Sur les pas de González