MADRID / ESPAGNE
Madrid présente un aperçu de l’œuvre méconnue de la fille du sculpteur Julio González.
Madrid (Espagne). L’exposition qui se tient au Musée d’art contemporain de Madrid est la première exposition individuelle de la peintre franco-espagnole Roberta González (1909-1976) à Madrid. Elle rend hommage à ses quarante ans de travail. L’artiste a vécu dans l’ombre de son père, Julio González (1876-1942), éminent sculpteur et représentant de l’avant-garde artistique du début du XXe siècle, et de son mari, le peintre allemand Hans Hartung (1904-1989), devenant l’une des nombreuses femmes artistes oubliées par l’histoire de l’art et en particulier en Espagne, pays natal de son père. Pourtant, après la Seconde Guerre mondiale, elle était la seule femme artiste présente à l’Exposition de Prague de 1948 et a connu, après son divorce avec Hartung en 1952, une diffusion internationale importante, notamment dans des galeries à New York et à Tel Aviv.
À partir de la collection du galeriste Vicente García Sambenito, composée d’une série d’œuvres graphiques et de toiles, l’exposition montre de nombreux dessins d’enfance de Roberta González, dont certains avaient été salués par Pablo Picasso et publiés dans des magazines. Suivent ceux réalisés lors de sa formation à l’académie Colarossi de Paris, puis d’autres faits pendant l’Occupation, de véritables témoins de l’environnement dans lequel vivait Roberta González. Elle y représente des maternités et des paysans, dans des ambiances empreintes d’une grande mélancolie, marquées par la guerre civile espagnole. Tous ces dessins ne sont pas sans rappeler les scènes rurales dessinées par son père, une influence prégnante dans l’ensemble de son œuvre, en particulier certains dessins de paysannes de 1942 montrés dans l’exposition, dont la ressemblance avec sa célèbre Montserrat est frappante.
De l’œuvre de Roberta González transparaît aussi l’influence du milieu artistique parisien dans lequel elle vivait, entre cubisme, abstraction et surréalisme. Néanmoins, sa propre personnalité n’est pas entièrement occultée, en particulier dans ses portraits féminins colorés, tels qu’Été (1964) et J. Femme (1959), qui dialoguent avec ses évocations récurrentes de la nature, notamment les représentations d’oiseaux dans ses derniers dessins, Ils étaient six (1972) et À la mamie de Viviane (1976).
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°630 du 29 mars 2024, avec le titre suivant : Roberta González, une peintre sous influence