Festival - Photographie

ImageSingulières soutient la photographie documentaire

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 7 juin 2018 - 619 mots

Le Festival de photographies de Sète fête sa 10e édition. Un anniversaire marqué par le lancement, avec ETPA et Mediapart, de deux nouveaux prix pour soutenir les projets inscrits dans le champ de l’image documentaire.

Stéphane Couturier, image tirée de la série « Sète #18 ».
Stéphane Couturier, image tirée de la série « Sète #18 ».
Photo Stéphane Couturier
Courtesy La Galerie Particulière, Paris/Bruxelles

Sète. En dix ans, ImageSingulières s’est imposé comme un festival de référence, en particulier pour les professionnels et les amateurs du médium qui s’y retrouvent chaque année en mai. Ce qui n’est pas si commun dans la flopée de festivals photo nés au cours de ces quinze dernières années. Certes à côté des Rencontres d’Arles de la photographie ou de Visa pour l’image à Perpignan, ImageSingulières – fondé à Sète par Valérie Laquittant et le photographe Gilles Favier – fait figure de poids plume. Il est vrai que son budget de 250 000 euros ne pèse pas lourd, fondu à celui de l’association sétoise CétàVOIR, organisatrice de la manifestation et porteuse de la Maison de l’image documentaire proposant à l’année ateliers et expositions –actuellement le New York d’Arlène Gottfried. « Quand nous avons commencé le projet, nous ne pensions pas arriver à fêter nos dix ans », confie Valérie Laquittant, cofondatrice et directrice de CétàVoir et d’ImageSingulières. Nous éprouvons donc à la fois une grande surprise et une grande fierté d’avoir survécu. » « Car nous sommes restés sur nos objectifs de départ : la gratuité, la convivialité et la singularité d’une programmation soucieuse de son indépendance notamment au niveau de ses partenaires », poursuit Gilles Favier.

De fait, la programmation resserrée à une dizaine d’expositions, bien que contrainte par son budget et ses espaces, est restée fidèle à ces principes fondateurs et à sa ligne éditoriale : la photographie documentaire. L’édition 2018 ne dévie pas du genre. Du voyage plein d’émotion en Italie du Suédois Martin Bogren aux récits de la Polonaise Justyna Mielnikiewicz sur la Géorgie postsoviétique ou sur la guerre en Ukraine, les récits et les travaux de fonds vont une nouvelle fois de pair. L’atlas en couleur des non-lieux porteurs d’illusions ou d’utopies au Moyen-Orient d’Andrea et Magda développe l’approche d’un jeune duo prometteur, tandis que l’exploration visuelle de Gabriele Basilico de la côte nord-ouest de la France pour la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) en 1985 développe celle d’un grand nom de la photographie passé à la postérité avec cette commande. La carte blanche donnée à Stéphane Couturier, onzième résident invité par CétàVoir à porter un regard sur Sète, appose de son côté des perceptions inédites sur la ville dans un jeu époustouflant de déconstruction et reconstruction d’un même point de vue, coloré, vivant et pictural.

Aux entrepôts Larosa, la programmation est construite autour des liens tissés avec les organisateurs du festival international de la photo de Valparaiso, tout comme ceux amorcés avec l’agence Roger-Viollet, à l’origine de l’exposition « Mai 68 par les photographes de France-Soir » à partir du fonds du quotidien qu’elle diffuse. La première édition du grand prix ImageSingulières, ETPA, Mediapart attribué à John Trotter pour poursuivre son projet sur les dommages irréversibles causés au fleuve Colorado et celle du prix Jeune Photographe, décerné à Valentin Russo pour continuer son récit sur un village de pêcheurs en Islande, évoquent les relations entretenues par le festival avec le site d’information et l’école de photo et du jeu vidéo de Toulouse.

Quant à l’espace donné cette année à Tënk, la plateforme de documentaires à la demande créée par les organisateurs des États généraux du film documentaire à Lussas (Ardèche), c’est une autre nouveauté chargée de symbole. Ce n’est effectivement ni Visa pour l’image ni les Rencontres d’Arles, mais ce festival qui fut – et demeure – le modèle de référence pour Gilles Favier et Valérie Laquittant au moment de créer ImageSingulières.

ImageSingulières
jusqu’au 27 mai 2018, Sète, www.imagesingulieres.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°502 du 25 mai 2018, avec le titre suivant : ImageSingulières soutient la photographie documentaire

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