Le festival ImageSingulières à Sète se saborde

L’annonce par l’association CéTàVOIR de l’arrêt de toutes ses activités à Sète signifie entre autres la fin du festival ImageSingulières connu pour sa programmation consacrée à la photographie documentaire et la fermeture à la fin de l’année du Centre photographique. « La décision n’a pas été facile à prendre », explique au Journal des Arts Valérie Laquittant, fondatrice de l’association en 2003 et cofondatrice six ans plus tard du festival avec le photographe Gilles Favier.

« Depuis 2019, une réflexion était en cours avec le conseil d’administration et l’équipe sur une stratégie de développement qui nous permettrait de continuer nos actions en faveur de la photographie documentaire », explique-t-elle. « Pendant quatre ans nous avons essayé de défendre auprès de nos partenaires, en première lieu auprès de la Ville de Sète, notre projet de réduire la part du festival pour développer les activités à l’année du Centre photographique documentaire. Mais nous n’avons pas été suivis dans ce projet par la Ville qui préfère privilégier le côté événementiel, attractif et à forte visibilité de notre festival. » La fréquentation du festival – gratuit - s’est en effet élevée à 46 772 visiteurs sur les trois semaines de son déroulement en mai-juin contre 37 200 l’an dernier ; 40 % des visiteurs viennent de la région et 60 % du reste de la France et de l’étranger.

La dégradation de la situation financière de l’association avec un déficit en 2023 de 40 000 euros après une perte de 16 000 euros en 2022, a beaucoup joué dans la décision, comme la lassitude de sa direction de ne pas obtenir de conventions financières pluriannuelles de ses partenaires institutionnels, ni un accroissement des subventions de la part des collectivités territoriales. 

La participation de la ville dans le budget prévisionnel 2023 de 273 000 € s’élève à 82 000 € contre 92 000 € en 2022. La part de la région stagne à 32 000 € tandis que celle du département ne dépasse pas 3 600 €. Cependant l’État a doublé sa participation à 50 000 € contre 26 000 € l’an dernier. « Les économies après Covid sont fragiles, tendues et rendues encore plus compliquées avec l’inflation. Tout le monde tire la langue même nos partenaires privés », constate Valérie Laquittant. 

Mais tout n’est pas fini. « Le festival ImageSingulières ne se déroulera pas dans les Cévennes. On abandonne cette forme », précise Valérie Laquittant. « Nous allons repenser nos activités dans une démarche éco responsable tout en conservant la veine documentaire qui nous anime depuis le début. En 2024, nous fonctionnerons à minima soutenu par la Drac Occitanie dans notre projet de résidence de territoire comme nous l’avons fait à Sète pendant dix-sept ans. Un photographe sera invité l’année prochaine pour une résidence dans Le Parc National des Cévennes avec une restitution fin 2024, début 2025 sous la forme d’une exposition à Montpellier ou à Nîmes ». Un projet de centre de ressources et de réflexions sur le documentaire et l’environnement sous toutes ses formes, est par ailleurs à l’étude.