À Sète, un festival qui cultive la singularité

Pour l’édition 2013, c’est un cliché noir et blanc du photographe belge Cédric Gerbehaye, d’un homme chapeauté en bord de mer bravant le vent, qui introduit à cette cinquième édition où la couleur est rare, le propos toujours ancré dans le réel et les exclusivités, les découvertes, multiples.

À commencer par la marquante série noir et blanc du Suédois Martin Bogren sur les jeunes de sa région natale et par les portraits oniriques tout aussi puissants du Polonais Adam Panczuk sur les fermiers menacés par l’exploitation du gaz de schiste. Portraits mis en scène qui font écho à ceux de la série Outland de Roger Ballen, dont un certain nombre d’inédits est révélé à Sète. Autre révélation : le travail sur les  déclassés de Vancouver et les ex-hippies australiens et américains de la jeune Australienne Claire Martin (Prix Inge Morath en 2010).

Entre gravité et humour, le monde actuel ou passé se raconte à Sète. Des images grand format sans concession d’Ad Van Denderen sur les effets de la mondialisation sur le pourtour méditerranéen à la tournée des beautés siliconées de l’ère berlusconienne de Gianni Cipriano, il a un goût de démence. Quant aux deux thèmes abordés par cette édition, le Sahara et le fichage des individus (du bagne au génocide khmer), la force de leur traitement constitue l’autre point fort de ce festival d’histoires singulières qui se racontent loin de l’actualité et de ses focus réducteurs.