L’école des Beaux-Arts de Bourges aborde un thème sensible : « Les artistes italiens au service de la propagande fasciste », tout en évoquant une période historique peu connue des relations franco-italiennes.
De 1932 à 1936, les autorités culturelles françaises manifestent soudainement un vif intérêt pour les artistes célébrant l’Italie fasciste. Un ensemble de toiles de peintres célèbres, tels Carrà, Severini ou Tozzi, offerts en 1932 par un collectionneur milanais, permet l’ouverture d’une salle d’art italien contemporain au musée du Jeu de Paume, à Paris.
Cette initiative coïncide avec une décision politique importante : la signature en 1933 du « Pacte à quatre » entre la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Allemagne, avec l’espoir de maintenir cette dernière au sein de la Société des Nations. Hitler vient d’accéder au pouvoir et, sinistre ironie, les quatre mêmes, Daladier, Chamberlain, Mussolini et Hitler, signeront les accords de Munich cinq ans plus tard.
Cette même année 1933, le musée des Beaux-Arts de Grenoble s’enrichit de toiles d’artistes comme Tozzi ou Filippo de Pisis. La politique de rapprochement entre l’Italie et la France, présentée comme le résultat naturel d’une communauté de culture entre deux nations latines, trouve son apogée avec les accords Laval-Mussolini de 1935. Paris accueille alors de nombreuses expositions à la gloire de l’Italie fasciste.
Contrairement à l’art nazi, soumis aux diktats d’une culture rigide, l’art produit en Italie durant la dictature de Mussolini est multiforme. Les œuvres visibles à Bourges, qui toutes proviennent des collections publiques françaises, en sont une convaincante illustration. La première explication qui vient à l’esprit est que le Duce n’est pas, comme Hitler, un peintre raté. Plus attentif à l’architecture qu’aux arts plastiques, sa mégalomanie le pousse à exiger des artistes un art audacieux de haut niveau, vitrine de la culture italienne, en contradiction évidente avec une autre exigence du fascisme : un art accessible à tous.
In fine, seule la glorification du régime importe, quelles que soient les stratégies, parfois opposées, adoptées par les artistes. Cette exposition rappelle aussi le rôle actif joué par les musées français dans la promotion de la culture fasciste italienne en France. Un sujet rare et courageux.
Inauguration de l’exposition d’art italien, Août 1935 - Jeu de Paume, Paris - © Dezarrois
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France-Italie : les artistes et le fascisme
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Abonnez-vous dès 1 €« Les artistes italiens au service de la propagande fasciste », école nationale supérieure d’art de Bourges, la box, 7, rue Édouard-Branly, Bourges (18), www.ensa-bourges.fr, jusqu’au 20 février.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°621 du 1 février 2010, avec le titre suivant : France-Italie : les artistes et le fascisme